Laurence Parisot : un an de reconquête de l’opinion à la tête du Medef

 
 
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La présidente du Medef Laurence Parisot, le 11 avril 2006 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

[05/07/2006 10:43:48] PARIS (AFP) Devenue il y a un an la première femme à présider le Medef, Laurence Parisot s’est lancée à la reconquête de l’opinion en s’emparant des sujets de société, mais sans relancer véritablement le dialogue social, ni définir de stratégie lisible.

“Les choses ont profondément changé” au Medef, “nous avons rajeuni, féminisé le mouvement”, a-t-elle assuré en janvier, après avoir initié le débat interne sur les jeunes ou les questions de société au sein de nouvelles commissions.

C’était sa première mission: rompre avec l’ère d’Ernest-Antoine Seillère, son flamboyant prédécesseur, marquée par un divorce entre le patronat et l’opinion.

Un an après, le changement de style est net. Il avait fait de la provocation sa marque de fabrique, elle affiche sa discrétion. Il pourfendait le gouvernement sur les 35 heures, elle critique à fleuret moucheté le Contrat première embauche.

“Elle a apporté une nouvelle approche qui traduit bien sa sensibilité, sa connaissance de l’opinion”, se félicite Raymond Vidil, qui préside le Medef de Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Habituée à prendre le pouls des Français, la présidente de l’Ifop a fait montre ces derniers mois d’intuition politique, exprimant des “réserves” sur un CPE imposé sans concertation, au prix de critiques internes, ou proposant une négociation sur la diversité en entreprise avant la crise des banlieues.

Mais cette priorité donnée aux questions sociétales – tout comme sa propension à “décider en petit comité” – ne fait pas l’unanimité. “Cela a donné l’impression qu’elle s’éloignait des responsabilités propres du Medef, qui est avant tout une organisation syndicale”, estime un critique.

Côté dialogue social, le bilan de l’année écoulée semble maigre à des interlocuteurs syndicaux auxquels Laurence Parisot avait promis un dialogue permanent et de nouveaux chantiers de négociation. “Ca n’a pas donné grand-chose… et des négociations auxquelles nous tenons, comme celle sur la pénibilité, sont totalement bloquées au niveau du Medef”, dit Jacky Dintinger, secrétaire général de la CFTC.

En douze mois, Mme Parisot n’a impulsé que deux négociations, toujours en cours, sur la diversité et sur les accidents du travail et maladies professionnelles, et en a conclu deux autres, sur l’emploi des seniors et le télétravail.

La délicate renégociation des conditions d’indemnisation des chômeurs, conclue par une nouvelle convention Unedic en décembre, a laissé aux syndicats une impression de flottement.

Le chef de file de la délégation patronale Denis Gauthier-Sauvagnac, issu de la puissante fédération de la métallurgie (UIMM), a parfois semblé en décalage avec la patronne du Medef. “Avec une femme à la tête du Medef (…) nous attendions de voir s’il y aurait un changement de stratégie”, dit Maryse Dumas, une des secrétaires nationales de la CGT. “Mais si elle a beaucoup changé le vocabulaire, l’apparence, c’est un gant de velours au service d’une main de fer”. “Elle reste sur une ligne assez dure”, juge lui aussi M. Dintinger.

Ses formules hérissent encore ses interlocuteurs syndicaux. Ainsi quand elle évoque une “séparation par consentement mutuel” entre salarié et employeur, elle s’attire les foudres du secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly, pour qui ceux-ci “ne sont pas mariés”.

Au final, c’est à l’automne que le Medef fera connaître ses revendications, couchées dans un “Livre blanc” à destination des candidats à l’élection présidentielle de 2007. “L’occasion de rappeler les objectifs réels du Medef et les besoins de l’économie et des entreprises françaises”, espère un sceptique.

 05/07/2006 10:43:48 – © 2006 AFP