[06/07/2006 17:12:17] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE), inquiète des dangers de dérapage des prix, a préparé le terrain jeudi à une nouvelle hausse des taux directeurs dès le début du mois d’août, plus rapidement que prévu par les économistes et les marchés. “Nous allons exercer une grande vigilance pour garantir que les risques pour la stabilité des prix ne se matérialisent pas”. Le mot est lâché: dans le discours très codifié du président Jean-Claude Trichet, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse, “vigilance” signifie “hausse de taux imminente”, à savoir lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs. La réunion de début août se tient traditionnellement via une conférence téléphonique. Pas cette fois. Les gardiens de l’euro ont décidé de se retrouver en personne au siège de Francfort, et le conseil sera suivi d’une conférence de presse, a précisé M. Trichet. Un choix très inhabituel qui renforce la probabilité d’une nouvelle hausse de taux le 3 août. Plus tôt, la BCE avait décidé sans surprise de maintenir son principal taux directeur inchangé à 2,75%. Le précédent tour de vis remontait à début juin seulement. Dans le cycle actuel de hausses de taux entamé en décembre, l’institut a relevé d’un quart de point ses taux tous les trois mois. Les experts s’attendaient dans leur ensemble à ce qu’elle poursuive sur sa lancée, ce qui aurait signifié une nouvelle remontée lors de la réunion du 31 août. De nombreux économistes parient maintenant sur une augmentation de 25 points de base début août, le président de la BCE ayant précisé qu’une hausse de 50 points de base “ne correspondait pas au sentiment actuel” du conseil. Pour eux, la BCE a clairement décidé d’accélérer la cadence et pourrait aller plus haut que prévu. Le principal taux pourrait ainsi monter à 3,50% à la fin 2006, contre 3,25% largement anticipé jusqu’à présent. “La conférence de presse d’aujourd’hui a considérablement augmenté le risque que la BCE procède à trois hausses de taux supplémentaires d’ici la fin de l’année, au lieu de deux”, réagit Jörg Krämer, économiste à la Commerzbank. Un durcissement qui interviendrait alors que le ministre français des Finances Thierry Breton a suggéré jeudi à la BCE de faire preuve de “mesure” dans sa politique de resserrement du coût du crédit. M. Trichet s’est défendu de suivre une voie tracée à l’avance: La BCE n’est pas engagée “de façon inconditionnelle” dans une série de hausse de taux, a-t-il réaffirmé. Tout geste dépend des statistiques économiques, selon lui. Mais si ces dernières confirment le scénario d’une accélération progressive de la croissance accompagnée d’une menace inflationniste, alors “une réduction progressive du caractère accommodant (de la politique monétaire) demeure nécessaire”, a-t-il prévenu. En clair, il faudra de nouveau resserrer les taux. Et pour le moment, M. Trichet estime que les chiffres donnent raison aux banquiers centraux. Le pétrole cher, ses retombées éventuelles sur les salaires, les hausses d’impôts, l’abondance des liquidités, la montée en flèche des crédits au secteur privé: les risques d’emballement des prix sont légion, selon lui. L’inflation était de 2,5% en juin, comme en mai, largement supérieure à la limite absolue de 2% tolérée par la BCE. Parallèlement, la croissance économique de la zone euro s’affermit, la consommation privée étant aussi appelée à se renforcer progressivement dans les mois à venir, dans la foulée d’une amélioration attendue sur le front de l’emploi, selon lui. Pour Elga Bartsch, analyste chez Morgan Stanley, seul un net ralentissement de la croissance au deuxième semestre, ou une forte appréciation de l’euro face au dollar, pourrait empêcher la BCE d’augmenter son taux jusqu’à 3,50% d’ici la fin 2006. |
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