[06/07/2006 18:01:01] LONDRES (AFP) Les prix du pétrole ont fléchi jeudi après des données rassurantes sur les stocks d’essence américains, mais sont restés proches du record atteint la veille à New York, en raison d’un contexte géopolitique agité et d’une forte demande. A New York, le baril de “light sweet crude” pour livraison en août reculait de 39 cents à 74,80 dollars vers 16H10 GMT. Mercredi, il avait battu un nouveau record à 75,40 dollars, son plus haut niveau depuis le début de sa cotation à New York en 1983. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord sur l’échéance d’août perdait 23 cents à 73,75 USD, après un pic à 74,22 USD jeudi dans la matinée, le niveau le plus élevé depuis son record du 2 mai de 74,97 dollars. Cette détente des cours, entamée le matin avec des légères prises de bénéfices, s’est accélérée après la publication du rapport du département américain de l’Energie (DoE) sur le niveau des stocks au 30 juin. Le marché a été particulièrement rassuré par l’augmentation surprise des stocks d’essence. Les réserves de brut ont enregistré un repli plus marqué qu’attendu, mais elles restent très abondantes, donc le marché ne s’en est pas soucié. “C’était très baissier pour les cours de voir les stocks d’essence augmenter de 700.000 barils alors que la plupart d’entre nous attendaient un recul”, a réagi Deborah White, analyste à la Société Générale. Mais selon elle, le rapport n’était pas aussi baissier qu’initialement estimé, ce qui explique le repli modéré des prix. “Le marché a changé d’avis après examen des aspects haussiers du rapport, à savoir l’augmentation de la demande et les nombreux problèmes de raffinage, qui provoquent des pertes de production”, relevait l’analyste, disant s’attendre à un rebond des cours. Alors que les Etats-Unis sont en pleine saison des départs en vacances et donc de forte consommation de carburant, la demande d’essence s’est élevée à 9,645 millions de barils par jour la semaine dernière, un record historique, et un niveau en hausse de 1,4% par rapport à l’an dernier. Quant aux raffineries américaines, elles ont opéré à 93% de leurs capacités, contre 96% il y a un an, faisant reculer la production de carburant. Si les tirs d’essai de missiles nord-coréens ont servi de déclic mercredi à la nouvelle flambée du brut, c’est l’obstination de l’Iran à vouloir poursuivre ses activités d’enrichissement d’uranium qui continue d’inquiéter davantage le marché. Jeudi, un haut responsable iranien a douché les espoirs des grandes puissances qui espéraient une première réponse dans la soirée du négociateur iranien Ali Larijani à leur offre de coopération, subordonnée à la suspension par Téhéran de l’enrichissement d’uranium. Nombreux sont ceux sur le marché qui envisagent le scénario de l’imposition de sanctions contre l’Iran auxquelles il répondrait en coupant ses exportations de brut, ou pire encore, en bloquant le détroit stratégique d’Ormuz. Pour Bruce Evers, analyste à la banque Investec, les cours devraient donc bientôt repartir à l’attaque de nouveaux records. “On entre dans le coeur de la saison des ouragans, l’Iran continue de faire le difficile, la Corée du Nord refuse de bien se comporter… Tout est en place pour une nouvelle envolée”, a-t-il expliqué, en pariant “les yeux fermés” sur un baril à plus de 80 dollars d’ici la fin de l’année. La crise iranienne coïncide en effet avec la saison des ouragans, qui pourrait enregistrer dix cyclones d’ici novembre, et donc endommager les sites de production du golfe du Mexique, à peine remis de dégâts causés l’été dernier par les cyclones Katrina et Rita. Ajusté à l’inflation, le baril de pétrole reste en dessous des quelque 85 dollars atteints après la révolution iranienne de 1979. |
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