Le gouvernement croit à un effet Coupe du monde, pas les économistes

 
 
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Scène de liesse à l’Arc de Triomphe à Paris, le 5 juillet 2006 (Photo : Jack Guez)

[06/07/2006 16:57:38] PARIS (AFP) Le gouvernement espère que le parcours victorieux des Bleus dans le Mondial viendra, comme en 1998, doper le moral des Français et la croissance, tandis que les économistes évoquent plutôt des effets ponctuels et d’ampleur limitée.

Un effet Coupe du monde de football sur l’économie ? Le gouvernement français veut y croire. Accueillie dans la liesse, la nouvelle victoire mercredi soir de l’équipe de France en demi-finale, ne peut que regonfler le moral en berne des Français, parie-t-il.

Et “si le moral des ménages s’améliore cela veut dire qu’on est plus confiants en soi et dans l’avenir et donc qu’on peut consommer davantage”, a affirmé le ministre de l’Economie Thierry Breton jeudi à la presse.

La consommation étant, avec les exportations et l’investissement, l’un des trois moteurs de l’économie, le succès footballistique de la France est donc “bon pour la croissance”, avait tranché dès dimanche le ministre du Budget Jean-François Copé.

S’ils ne réfutent pas entièrement ce raisonnement, les économistes se montrent toutefois plus nuancés. “C’est une bonne nouvelle pour le moral et la confiance des ménages qui, comme elle est au plus bas, ne peut que se redresser”, juge Marc Touati, économiste de Natexis Banques Populaires. Et ce regain d’optimisme devrait effectivement “permettre de soutenir la consommation” déjà dynamique en France, selon lui.

Boostée par une envolée des ventes de téléviseurs à écrans plats, la consommation des Français a ainsi progressé de 0,6% en mai, et l’embellie pourrait perdurer en juin, mois où se sont arrachés maillots Zidane, crayons de maquillage bleus-blancs-rouges et autres produits dérivés.

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Le ministre de l’Economie et des Finances Thierry Breton s’exprime, le 6 juillet 2006 au ministère à Paris, lors de la conférence de presse trimestrielle (Photo : Jacques Demarthon)

“Mais ne demandons pas à l’équipe de France de relancer la croissance de l’économie française”, s’exclame Nicolas Bouzou, de l’institut d’études Xerfi. Au plan de la consommation, la Coupe du monde a “essentiellement un impact de redistribution entre secteurs”, estime cet économiste. “Un ménage qui achète un écran LCD, n’investit pas dans une automobile”, résume-t-il.

Même observation d’Eric Heyer, économiste de l’OFCE, qui souligne par exemple l’impact négatif de la compétition sur le secteur du tourisme, les Français ayant “choisi pour l’instant de rester chez eux pour regarder les matchs en famille ou entre amis”.

Globalement, les économistes ne croient donc pas à une réédition du scénario de la Coupe du monde 1998, année où les Bleus avaient triomphé et où la croissance économique en France avait dépassé les 3%. Avec un baril de pétrole à plus de 70 dollars, contre 13 à l’époque, un euro fort et une progression du pouvoir d’achat limitée à 1,6% (2,8% en 1998), “la situation n’est pas du tout pareille”, fait valoir Marc Touati.

Qui plus est, en 1998, la France organisait l’événement. “Il y a donc eu des dépenses d’infrastructures et de tourisme qui ont soutenu la croissance au premier et deuxième trimestre” mais beaucoup moins par la suite, relève cet économiste.

Au final, Nicolas Bouzou table sur un effet macroéconomique “négligeable”. “En étant très optimiste” on peut s’attendre “à 0,1 point de croissance supplémentaire”, à 2,1%, juge de son côté Marc Touati.

Eliminée en demi-finale, l’Allemagne pourrait elle davantage tirer profit de l’événement qu’elle organise. “Un peu dans la situation de la France en 1998” avec une économie “en phase de reprise”, ce pays devrait voir sa consommation interne, récurrent talon d’Achille, relancée par la Coupe du monde, pronostique Nicolas Bouzou.

 06/07/2006 16:57:38 – © 2006 AFP