[07/07/2006 22:50:46] PARIS (AFP) Les grandes manoeuvres continuent de plus belle dans le secteur boursier où, faute de s’être entendus sur un éventuel mariage, Euronext et Deutsche Börse s’affrontent pour racheter la Bourse de Milan, tandis que Londres suscite toujours les convoitises des Américains. Mercredi, la plate-forme paneuropéenne Euronext a rejeté une nouvelle approche présentée lundi par Deutsche Börse, l’opérateur de la Bourse de Francfort, assurant froidement qu’elle ne contenait “rien de nouveau” par rapport à de précédentes propositions. Malgré les appels de plusieurs responsables économiques et politiques en faveur d’une union boursière franco-allemande, le président Jacques Chirac en tête, Euronext préfère donc s’en tenir à son mariage avec la Bourse de New York (New York Stock Exchange, Nyse), annoncé il y a quelques semaines. Et la rivalité entre les Bourses de Paris et Francfort pourrait s’exporter au-delà des Alpes: engagés plus que jamais dans une course à la taille critique pour attirer les investisseurs et les entreprises cotées, les deux groupes convoitent tous deux Borsa Italiana, le gestionnaire de la Bourse milanaise, l’une des dernières grandes places indépendantes d’Europe.
Selon le quotidien économique La Tribune, Euronext aurait l’intention de proposer d’ici la fin de la semaine une offre de 1 à 1,4 milliard d’euros sur Borsa Italiana. Sans confirmer l’information, une porte-parole d’Euronext a assuré que “les discussions avec Borsa Italiana se poursuivent”, et que les représentants des deux groupes allaient “commencer à discuter d’éléments plus élaborés”. A Milan, on se borne à rappeler que des discussions sont en cours avec Euronext. Mais Pietro Modiano, directeur général de la banque Sanpaolo IMI, a révélé que le comité restreint dont il est membre, crée par Borsa Italiana pour évaluer les hypothèses d’alliance internationale, se réunirait vendredi et qu’il était prêt “à évaluer toute proposition”. De son côté, Deutsche Börse fourbit ses armes. Le groupe, qui craint de rester isolé face à l’alliance Euronext/Nyse, envisage de faire une offre sur Borsa Italiana en cas d’échec de son projet de fusion avec Euronext. “Si le rapprochement avec Euronext échoue, le directoire laisse toutes les options ouvertes, y compris évidemment une offre hostile (sur Milan, ndlr), puisqu’il y a une certaine concurrence sur ce dossier”, a confié mercredi un membre du conseil de surveillance du groupe francfortois.
Euronext a en effet une longueur d’avance dans la campagne d’Italie: Borsa Italiana a dit clairement en mai sa préférence pour la plateforme paneuropéenne, qui regroupe déjà dans une structure “fédérative” les marchés des actions de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne, et leurs patrons respectifs Jean-François Théodore et Massimo Capuano se sont rencontrés une première fois début juin à Milan. Les deux hommes se connaissent bien: Borsa Italiana et Euronext ont racheté ensemble en 2005 la plateforme italienne de transactions obligataires MTS. Parallèlement à ces manoeuvres italiennes, les opérateurs américains continuent à avancer leurs pions en Europe. Ainsi, le patron du Nasdaq, Bob Greifeld, a pour la première fois rencontré au début du mois Clara Furse, la présidente du London Stock Exchange (Bourse de Londres, LSE), dont son groupe détient déjà le quart du capital. En réaction à cet intérêt du Nasdaq pour Londres, le PDG de la Bourse de New York, John Thain, a déclaré en début de semaine qu’il serait prêt à racheter le LSE ou à créer ex-nihilo une Bourse concurrente en Grande-Bretagne, si jamais l’alliance qu’il vient pourtant tout juste de conclure avec Euronext ne suffisait pas à séduire les grandes entreprises internationales en quête d’un place de cotation. |
||||||
|