Mondial : l’économie allemande a mis la balle dans son camp

 
 
SGE.PAI90.100706095508.photo00.quicklook.default-245x161.jpg
Des supporteurs allemands lors du match contre l’Italie, le 4 Jjuillet 2006 à Berlin (Photo : Johannes Eisele)

[10/07/2006 09:56:03] BERLIN (AFP) Au lendemain d’un Mondial de football de tous les superlatifs, l’économie allemande est globalement satisfaite des rentrées immédiates mais espère surtout des retombées économiques à terme, sous l’effet conjugué d’une image améliorée du pays et d’un élan de la consommation.

Certes, “comme attendu, il n’y a pas eu de miracle économique lié au Mondial”, résume Dirk Ulbricht, de l’institut de conjoncture Ifo à Munich. L’impact de l’événement sur le Produit intérieur brut devrait être minime.

Mais “le Mondial signifie un gain d’image énorme pour l’Allemagne”, commentait lundi matin dans les colonnes du Handelsblatt le ministre de l’Economie, le conservateur Michael Glos.

Arrivé à un moment où l’économie allemande, sinistrée pendant plusieurs années, reprenait déjà des couleurs, l’événement a mis l’Allemagne sur le devant de la scène mondiale. Et a suscité dans le pays un engouement inattendu dont les économistes espèrent un élan durable pour la consommation des ménages.

Le commerce de détail a déjà bien profité de la manifestation. Selon les premières estimations, il devrait avoir réalisé 2 milliards d’euros de recettes supplémentaires, comme attendu par la fédération du secteur HDE.

Le bilan est toutefois contrasté, car si les ventes de téléviseurs, bières et drapeaux ont explosé, “celui qui achète un téléviseur à écran plat ou des tickets pour un match doit économiser sur d’autres choses”, commente Roland Döhrn, de l’institut économique RWI de Essen. Adidas a ainsi certes écoulé 1,7 million de maillots de l’équipe allemande, mais le secteur vestimentaire dans son ensemble a vu ses ventes décliner, les supporteurs n’ayant pas la tête à garnir leur garde-robe, a indiqué la fédération des distributeurs de textile BTE, dont plus de la moitié des membres ont vu leurs ventes baisser.

Aux deux tiers de la compétition, les hôtels et restaurateurs se disaient à 48% seulement satisfaits de leurs affaires. Sur le marché de l’emploi, le Mondial-2006 a été à l’origine d’un mieux, avec 50.000 emplois créés selon le ministre Glos, mais seulement la moitié d’entre eux seront encore là dans un an.

Qu’à cela ne tienne, signe des temps qui changent, l’Allemagne est maintenant associée à “Teamgeist” (esprit d’équipe), du nom du ballon officiel de la compétition, venu remplacer “Schadenfreude” et “Blitzkrieg” dans le vocabulaire germanique mondial, relève le quotidien Financial Times Deutschland. Et “même si l’utilité économique d’un tel gain d’image est difficile à chiffrer, l’économie dans son ensemble va en profiter”, pour M. Glos.

Et en premier lieu les professionnels du tourisme. La Centrale allemande pour le tourisme DZT a réalisé pendant l’événement un sondage auprès de visiteurs étrangers, dont 90% comptent “recommander l’Allemagne comme destination touristique”. Environ 2 millions de visiteurs étrangers sont venus en Allemagne pendant la compétition, deux fois plus qu’attendu, qui selon des estimations devraient avoir dépensé quelque 600 millions d’euros.

Dans le pays, la Mannschaft, troisième du tournoi, a suscité un tel enthousiasme que “les Allemands croient à nouveau un peu plus en eux-mêmes”, selon Markus Kurscheidt, expert en économie du sport de l’université de Bochum. Et cela ne peut que renforcer le moral des consommateurs, déjà bien orienté plusieurs mois avant le début de l’événement.

Mais, relève M. Kurscheidt, “c’est le titre de champion du monde qui aurait donné un élan vraiment fort”. Un constat qui devrait réjouir les Italiens, dont l’économie a bien besoin de ressorts.

 10/07/2006 09:56:03 – © 2006 AFP