Le carnet de commandes d’Airbus pâtit des incertitudes sur le futur A350

 
 
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Image de synthèse de l’Airbus A350-800

[10/07/2006 15:12:12] PARIS (AFP) L’avionneur européen Airbus a enregistré quatre fois moins de commandes d’appareils commerciaux que son rival américain Boeing au premier semestre 2006, payant ainsi les incertitudes autour de son programme de long-courriers A350, qui fragilisent sa place de numéro un mondial.

Le constructeur aéronautique, détenu à 80% par EADS, a reçu 117 commandes fermes d’appareils commerciaux au cours des six premiers mois de l’année, contre 276 commandes sur la même période en 2005, année record dans l’aviation commerciale, selon des chiffres publiés lundi sur son site internet.

Airbus se voit nettement devancé en termes de commandes par son concurrent de Chicago, qui en comptait 480 au 5 juillet, après 441 commandes sur les six premiers mois de l’an dernier.

Si la tendance se confirme sur l’ensemble de 2006, Airbus passerait derrière Boeing en nombre de commandes pour la première fois depuis 2000. Une mauvaise nouvelle à l’approche du salon aéronautique de Farnborough, qui se tiendra du 17 au 23 juillet en Grande-Bretagne.

L’avionneur européen garde certes l’avantage sur le terrain des livraisons, –219 au premier semestre contre 195 pour Boeing. S’il atteint son objectif de 420 livraisons sur l’année, il peut sauver sa place de numéro un mondial, dérobée à son rival en 2003.

Mais dans la course aux contrats, l’écart se creuse dangereusement. En cause: les ratés du renouvellement de la gammme Airbus, avec l’échec commercial du nouveau long-courrier A350, lancé en 2005 pour contrer le 787 de Boeing, de 250 à 300 places.

L’A350 a essuyé une rafale de critiques de la part des clients, qui attendent désormais qu’Airbus revoie sa copie et élabore un avion plus grand et moins gourmand en carburant pour rivaliser avec le 787, qui totalise 363 commandes contre une centaine pour la version initiale de l’A350.

Airbus est également pénalisé depuis l’annonce à la mi-juin de ratés de production de son avion géant A380, dont le calendrier de livraisons accumule plusieurs mois de retard. Ces déboires avaient provoqué la chute de 26% du titre EADS le 14 juin, et coûté sa place au patron de l’avionneur, Gustav Humbert, remplacé début juillet par Christian Streiff.

Une association française de défense des actionnaires individuels, qui s’estiment floués, a affirmé lundi avoir rejoint une action collective intentée aux Pays-Bas contre la maison mère d’Airbus.

Au total, l’avionneur n’a enregistré que 21 commandes de long-courriers (A330-A340-A350-A380) depuis janvier. L’A380, vendu à 159 exemplaires, n’a reçu aucune nouvelle commande cette année.

Dans les monocouloirs (100 à 200 places), Airbus est également devancé par Boeing avec 96 appareils commandés sur six mois, contre 374 pour l’Américain.

Tous les regards se tournent désormais vers le salon de Farnborough. Traditionnellement, ces rendez-vous sont l’occasion d’annonces commerciales.

Le directeur commercial du groupe, John Leahy, a récemment évoqué la possibilité d’une vingtaine de nouvelles commandes d’A380 cette année.

Airbus pourrait aussi décider de présenter à Farnborough la version revue et corrigée de l’A350, ce qui permettrait d’étoffer son carnet de commandes.

Selon la presse britannique, les récents changements à la tête d’Airbus et d’EADS pourraient toutefois freiner la validation du nouveau projet et empêcher sa présentation à Farnborough.

Le risque serait grand dans ce cas de perdre de précieux clients. Qatar Airways, qui avait annoncé il y a un an son intention d’acquérir 60 A350, a prévenu qu’elle pourrait renoncer, faute d’informations plus précises sur l’avancée du programme.

 10/07/2006 15:12:12 – © 2006 AFP