[10/07/2006 11:06:17] PEKIN (AFP) Malgré sa volonté de dépendre moins de ses exportations, la Chine continue d’engranger des records d’excédents commerciaux, sujets de friction avec ses partenaires occidentaux. Après un record de 13 milliards de dollars en mai, l’excédent a encore bondi en juin, atteignant 14,5 milliards de dollars, soit une augmentation de 49% en glissement annuel, a annoncé le ministère du Commerce lundi. Sur les six premiers mois de l’année, le surplus a totalisé 61,45 milliards de dollars – une hausse de 54,9% sur un an. Il représente déjà plus de 60% du total de 2005 (près de 102 milliards), année exceptionnelle, qui l’avait vu tripler par rapport à 2004. Le bond de juin a dépassé les attentes des analystes qui pourtant s’attendaient à une belle performance. Dans une note hebdomadaire, publiée lundi, l’analyste de Lehman Brothers, Rob Subbaraman, écrivait ainsi que “l’excédent allait vraisemblablement s’accroître pour atteindre un nouveau record en juin”. Mais Lehman Brothers s’attendait aussi à ce que la hausse des exportations soit tempérée par une hausse des importations soutenue, due notamment à la facture énergétique de la Chine. Entre mai et juin, exportations et importations ont progressé dans les mêmes proportions (+11,2% et +11,1%). Mais en glissement annuel, les exportations de juin ont connu une hausse de 23,3%, à 81,31 mds USD, tandis que les importations, de quelque 66,81 milliards, ont progressé de 18,9% seulement. “La croissance des importations a l’air plus faible que ce que nous pensions, et cela fait la différence”, a commenté M. Subbaraman après la publication des chiffres du ministère. Pour le premier semestre, les exportations ont grimpé de 25,2%, atteignant 428,59 milliards de dollars, et les importations de 21,3% (367,15 milliards de dollars). Or certains économistes estiment que les importations deraient encore se ralentir prochainement, du fait de la série de mesures gouvernementales prises depuis avril pour réduire les investissements: hausse des taux d’intérêt, restrictions au crédit, relèvement du ratio de réserves obligatoires des banques commerciales, etc. “Les restrictions monétaires vont ralentir l’investissement et cela va ralentir les importations”, dit Qu Hongbin, économiste chez HSBC à Hong Kong. Parallèlement, les exportations restent alimentées par une demande étrangère soutenue, rassurée par un yuan relativement stable, qui ne s’apprécie qu’à pas comptés. La Chine ne serait donc pas près de résoudre son problème d’excédent excessif qui l’ennuie à double titre – pour son modèle de développement et pour les relations avec ses partenaires commerciaux. Les autorités jugent la croissance trop dépendante de l’extérieur et s’efforcent en effet depuis des mois de faire reposer davantage la croissance sur la consommation intérieure. Par ailleurs, Pékin est régulièrement accusé de maintenir sa monnaie sous-évaluée dans le but d’en tirer un avantage concurrentiel. L’ampleur du nouvel excédent pourrait raviver ces critiques parfois virulentes. |
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