[10/07/2006 13:42:45] ROME (AFP) L’Italie est championne du monde de football, mais si ce titre a rendu sa fierté à une nation choquée par le scandale des matches arrangés du Championnat, il aura peu d’effet sur la croissance et n’évitera pas les larmes promises pour assainir une économie en ruine, soulignaient lundi les économistes. Trois jours avant la finale, vendredi dernier, les Italiens ont appris l’importance de l’effort nécessaire pour ramener l’économie italienne dans les normes européennes: 35 milliards d’euros, soit 3 points de PIB. “Je suis préoccupé. Comment ne le serais-je pas alors que j’ai la mission extrêmement difficile d’obtenir un résultat comptable derrière lequel il y a des vies humaines”, a alors reconnu le ministre de l’Economie Tommaso Padoa-Schioppa. Les syndicats et les partis communistes membres de la coalition de gauche dans le gouvernement dirigée par Romano Prodi ont immédiatement signifié leur refus de voter au Parlement des mesures d’assainissement “faites sur le dos des plus faibles, des salariés et des retraités”. Dans la foulée des mauvaises nouvelles, les Italiens sont dans l’attente de la décision de la justice sportive, appelée cette semaine à statuer sur la relégation réclamée pour quatre grands clubs – la Juventus de Turin, l’AC Milan, la Lazio Rome et la Fiorentina (Florence) – soupçonnés d’avoir obtenu des arbitres favorables lors de plusieurs matches de la saison 2004-05.
Le titre de champion du monde berce les dirigeants italiens de l’espoir de faire avaler à leurs compatriotes la potion amère de l’austérité et de sanctions nécessaires pour “assainir le calcio”. “La victoire des Azzurri à Berlin fait certainement du bien au moral”, a ainsi commenté lundi PierLuigi Bersani, le ministre chargé du développement économique. “Elle montre que les Italiens sont en mesure de remonter la situation malgré un départ difficile, et comme nous l’avons fait en football, nous le ferons aussi en économie”, a-t-il ajouté. “Nous espérons que la victoire va donner un élan à la croissance économique de l’Italie et permettre d’atteindre plus facilement l’objectif de ramener le déficit public du pays sous la barre des 3% pour 2007”, a pour sa part commenté le commissaire européen chargé des Affaires économiques Joaquin Almunia. Tito Boeri, un des économistes proches du “Professore” Romano Prodi, a douché ces espoirs dans une tribune publiée lundi par le quotidien de Turin La Stampa. “La victoire n’aura aucune incidence sur la croissance, contrairement à ce que certains soutiennent”, a-t-il affirmé. “Elle n’empêchera pas les larmes et le sang promis dans le document (de programmation économique). Elle servira juste à affronter une phase très difficile en faisant groupe, comme l’ont fait les membres de notre équipe pour le Mondial en Allemagne”, a-t-il estimé. “Les études réalisées par “la voce-info” (ndlr: un groupe d’économistes italiens dont Tito Boeri est membre), démontrent que la croissance enregistrée l’année du Mondial par les pays vainqueurs est moindre que celle qu’ils ont enregistrée l’année précédente”, a-t-il affirmé. “La croissance du pays victorieux est même en moyenne inférieure à celle du pays de l’équipe qu’ils ont battu en finale”, a-t-il ajouté. “Il y aura un effet mondial à court terme avec une augmentation de la consommation, mais je pense qu’il sera très modeste sur le long terme”, a pour sa part confié à l’AFP Howard Archer, responsable européen du centre d’analyse Global Insight basé à Londres. “Morale de cette histoire: on gagne sur la rigueur”, a conclu l’économiste Tito Boeri, avec un jeux de mots sur le mot italien “rigore”, également utilisé pour le penalty dans le langage du calcio. |
||||
|