[11/07/2006 22:46:39] PARIS (AFP) La direction d’Eurotunnel, menacé de dépôt de bilan, et ses créanciers se sont donné rendez-vous mercredi matin à l’issue de plusieurs heures de négociations infructueuses sur le refinancement de la dette de 9 milliards d’euros. Le concessionnaire franco-britannique Eurotunnel a déposé mardi matin une demande de “procédure de sauvegarde” de la société, “pour parer à toute éventualité”, à savoir un échec possible des négociations avant mercredi minuit, a indiqué un porte-parole du groupe. Cette procédure pourrait être levée s’il y a accord entre les parties, a-t-on précisé chez Eurotunnel. Le “plan de sauvegarde” entraîne le gel des dettes et la désignation d’un juge médiateur. Il pourrait se substituer au dépôt de bilan que le PDG Jacques Gounon considérait jusque-là comme la seule solution en cas d’échec des négociations dans le délai imparti. Dans tous les cas de figure, le tunnel lui-même ne sera pas fermé et navettes et trains Eurostar continueront à circuler. Les discussions, lancées en début d’après-midi mardi, ont été suspendues dans la soirée. Eurotunnel a “fait des propositions” aux créanciers, qui ont demandé “la nuit pour étudier l’impact” de celles-ci, a affirmé un porte-parole du groupe.
De son côté, l’Arco, qui dit représenter près des deux-tiers des créanciers obligataires, a exprimé sa “surprise” d’apprendre le dépôt d’une demande de procédure de sauvegarde avant même le début des tractations. L’association a indiqué que “les obligataires prennent acte de la décision de M. Gounon et attendent désormais la décision du Tribunal”. Ils s’opposent au plan de refinancement proposé par Eurotunnel. Celui-ci a déjà reçu l’aval des prêteurs majoritaires fin mai. Quelle que soit l’issue des négociations, une réunion du conseil d’administration du groupe est “probable” mercredi, a aussi indiqué Eurotunnel. Selon une source proche du dossier, le CA pourrait avoir lieu en fin d’après-midi. Malgré tout, le risque de dépôt de bilan semble perdurer. Ainsi, l’avocat d’affaires Georges Berlioz, qui connaît bien le dossier pour avoir conseillé Eurotunnel entre 2004 et 2005, “ne voit pas comment Eurotunnel pourrait échapper au dépôt de bilan”. Cette procédure peut entraîner la liquidation judiciaire immédiate et le licenciement des salariés, une option peu probable compte tenu de l’importance politique et sociale du tunnel sous la Manche, estime un avocat d’affaires ayant requis l’anonymat. Elle peut aussi déboucher sur un redressement judiciaire, avec maintien de l’activité, gel du paiement des dettes et désignation d’un administrateur pour gérer l’entreprise. A l’issue de la période de redressement, Eurotunnel peut bénéficier d’un plan de continuation de l’activité ou encore voir ses actifs vendus pour une bouchée de pain. D’autre part, les créanciers majoritaires, des banques comme l’américaine Goldman Sachs, peuvent se substituer à Eurotunnel pour exploiter le tunnel et se rembourser directement, jusqu’à la fin de la première concession en 2052. Les actionnaires ne recevraient pas un centime et les obligataires, mal placés dans l’ordre des créanciers, ne seraient sans doute pas remboursés, explique une porte-parole d’Eurotunnel. Enfin, même si créanciers et direction parvenaient à se mettre d’accord avant mercredi soir, reste encore une embûche: la position des actionnaires. Convoqués en assemblée générale ordinaire le 27 juillet, ils seront appelés à se prononcer sur le plan de financement. Certains ont déjà fait part de leur hostilité au projet. |
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