[11/07/2006 08:21:36] TOKYO (AFP) Confortée par la vigueur de la reprise économique et la fin de la déflation, la Banque du Japon s’apprête à prendre la décision historique de relever son taux directeur, probablement dès ce vendredi, pour la première fois en six ans. La plupart des économistes s’attendent à ce que la BoJ, qui a abandonné en mars dernier sa politique monétaire ultra-conciliante tout en maintenant son taux directeur à zéro, décide de le relever d’un quart de point à l’issue de la réunion mensuelle des neuf membres de son comité de politique monétaire. La banque centrale a fait part à plusieurs reprises ces dernières semaines de son intention de procéder à une hausse “lente et progressive” des taux. Elle estime que toutes les conditions, notamment la fin de la déflation qui rongeait l’économie nippone depuis 1998, sont désormais remplies. Les prix à la consommation ont en effet augmenté de 0,6% en mai sur un an, leur septième mois de hausse consécutive. Cette tendance devrait se poursuivre en juin, comme le laisse présager l’indicateur avancé que constitue l’indice d’évolution des prix à Tokyo en juin (+0,3%). De plus, la reprise amorcée mi-2005 se renforce de mois en mois. Et le taux de chômage est retombé fin mai à 4,0% de la population active, au plus bas depuis huit ans. Il devrait se maintenir à ce niveau, selon le gouvernement. “L’économie dans son ensemble continue de se redresser vigoureusement, toutes les régions affichant une tendance à l’expansion ou à la reprise”, soulignait la semaine dernière la BoJ. Le gouverneur de la banque centrale, Toshihiko Fukui, a estimé que “l’expansion de l’économie va probablement se poursuivre grâce à un cycle positif de production, de revenus et d’investissements”. Les analystes sont d’autant plus persuadés d’un changement imminent de politique monétaire que les grandes entreprises se montrent optimistes sur l’avenir. Elles prévoient en effet d’augmenter leurs investissements en moyenne de 11,6% au cours de l’exercice actuel (clos fin mars 2007) par rapport au précédent, une augmentation sans précédent depuis 1990, selon l’enquête trimestrielle Tankan de la BoJ. La Bourse et le marché des changes ont pour leur part déjà anticipé un resserrement monétaire, selon les experts. “Le marché a largement pris en compte une hausse des taux en juillet ou août”, affirme l’économiste de Nomura Securities Yujiro Goto, qui souligne que c’est la suite du calendrier qui intéresse désormais les investisseurs. “Si le gouverneur fait des déclarations fortes signalant la probabilité d’une deuxième hausse rapprochée, cela entraînera des achats plus importants de yens”, explique M. Goto. Toutefois, même s’il partage l’optimisme de la BoJ sur les perspectives économiques, le gouvernement de Junichiro Koizumi l’a exhortée à maintes reprises –la semaine dernière encore– à ne pas se précipiter pour renchérir le loyer de l’argent. Le gouvernement ne veut pas renouveler son erreur d’août 2000 quand il avait déjà mis fin à la politique de taux zéro, portant un coup de grâce prématuré au redressement économique qui s’amorçait. Certains ministres ont notamment invité la BoJ à tenir compte du marché comme de la conjoncture économique mondiale (Etats-Unis, prix du pétrole et des matières premières) afin de ne pas tuer dans l’oeuf le redressement en cours. De surcroît, l’impact de la crise des missiles nord-coréenne sur le marché pourrait peser également dans la décision finale, selon certains commentateurs. “Il n’y a pas de lien direct, mais il convient de penser aux éventuelles conséquences (de ces essais) sur l’économie via le marché”, a d’ailleurs déclaré en fin de semaine M. Fukui, cité dimanche par le quotidien des affaires Nihon Keizai Shimbun (Nikkei). |
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