Le PDG d’Air France, Jean-Cyril Spinetta, convoqué par la justice

 
 
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Le président du groupe Air France-KLM Jean-Cyril Spinetta, le 18 mai 2006 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[12/07/2006 21:36:39] PARIS (AFP) Le président du groupe Air France-KLM Jean-Cyril Spinetta est convoqué par un juge parisien dans le cadre d’une enquête pour “travail dissimulé et blanchiment” visant une ex-société de sûreté aérienne, Pretory, qui a été la sous-traitante d’Air France.

M. Spinetta doit être entendu mardi 18 juillet en vue d’une éventuelle mise en examen par le juge financier Hervé Loureau, a précisé son avocat Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.

Il est soupçonné de “blanchiment en bande organisée, de travail dissimulé, complicité de corruption passive, trafic d’influence et complicité d’abus de bien sociaux”, a précisé une source proche du dossier.

“M. Spinetta n’a jamais été en contact avec les gens de Pretory et ignorait tout du fonctionnement interne de cette société”, a assuré son avocat.

Le juge Loureau enquête sur des contrats passés entre Air France et cette petite société de sécurité chargée après le 11 septembre de fournir des agents embarqués dans les avions à destination des Etats-Unis.

La société, qui avait vu alors son chiffre d’affaires et ses effectifs exploser, a été placée en liquidation judiciaire en décembre 2003.

Une information judiciaire a été ouverte après notamment un signalement de la Tracfin, la cellule de lutte contre le blanchiment d’argent, qui avait repéré 10 millions d’euros de flux financiers suspects liés à cette entreprise.

“42,5 millions d’euros ont été versés par Air France à Pretory en 16 mois (sept 2001-mars 2003) et une bonne partie de cet argent s’est évaporé”, explique Me Jean-Paul Baduel, avocat du collectif UTA, actionnaire minoritaire d’Air France, et partie civile.

Le juge Loureau s’interroge sur les conditions dans lesquelles Pretory, inconnue dans ce secteur, a pu décrocher ce contrat après avoir déjà obtenu celui de la sécurité du patrimoine d’Air France et de la protection de M. Spinetta.

Ces soupçons de favoritisme reposent sur les relations qui unissaient l’ex-directeur de la sécurité d’Air France Joël Cathala, ancien haut fonctionnaire de la police de l’air et des frontières, détaché à Air France et en relation directe avec M. Spinetta, et des actionnaires de Pretory, Raquel Velasco, ancienne hôtesse d’UTA, et Bill Buck, ex-militaire américain.

L’enquête judiciaire porte également sur le mode de rémunération du personnel embarqué de Pretory. Selon une source proche du dossier, l’essentiel des salaires était payé illégalement par des sous-traitants domiciliés dans des paradis fiscaux en économisant sur les charges sociales et fiscales.

Les bénéfices retirés étaient empochés par les dirigeants de Pretory.

Quatre personnes ont déjà été mises en examen dans ce dossier dont Jacques Gaussens, fondateur et ex-PDG de la société.

Sont également poursuivis: Pascal Jumel, ex-enquêteur de la Brigade de répression du banditisme condamné à 17 ans de prison pour des braquages, qui était chargé du recrutement à Pretory, George Salmaso, un ancien d’Indo-Suez soupçonné d’avoir mis en place le système de blanchiment, et la conseillère juridique de l’entreprise, Marie-Christine Garde.

Le juge Loureau, persuadé que le système n’a pu exister sans complicité interne, s’intéresse à Air France.

Dès 2000, un audit interne d’Air France avait sévèrement mis en cause les relations de la direction de M. Cathala et de Pretory.

Entendus par le juge, les deux inspecteurs chargés de cet audit ont affirmé que M. Spinetta était au courant du fonctionnement de son sous-traitant.

 12/07/2006 21:36:39 – © 2006 AFP