Enron : trois anciens employés de NatWest extradés vers les Etats-Unis

 
 
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David Bermingham, ancien employé de la NatWest, et son épouse arrivent au commissariat de police de Croydon à Londres, le 13 juillet 2006 (Photo : Carl de Souza)

[13/07/2006 21:12:36] HOUSTON (AFP) Trois anciens employés britanniques de la banque NatWest, extradés vers les Etats-Unis où ils sont accusés de fraude en liaison avec le scandale Enron, sont arrivés jeudi à Houston (Texas, sud), a-t-on indiqué de source judiciaire américaine.

David Bermingham, Giles Darby et Gary Mulgrew avaient embarqué à Londres, où cette affaire a suscité une tempête politique, sur un vol de la Continental Airlines à destination de Houston en début de journée.

Ils devaient être entendus vendredi par la justice américaine, qui leur reproche d’avoir empoché illégalement des profits à travers le système bancaire international.

Ils espèrent toutefois obtenir leur libération sous caution à l’issue de cette audition. “Nous espérons être libérés sous caution, mais on ne sait jamais”, avait déclaré David Bermingham aux journalistes qui l’attendaient devant le commissariat de Croydon (sud de Londres), où les trois hommes s’étaient retrouvés avant leur transfert vers l’aéroport.

Indiquant avoir reçu de très nombreux messages de soutien, il avait ajouté que ce jeudi était un jour “très triste”. Il avait accusé le gouvernement britannique “d’abandonner” ses citoyens.

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Giles Darby, ancien employé de la NatWest, le 13 juillet 2006 à Londres (Photo : Carl de Souza)

Les trois hommes sont accusés d’avoir escroqué leur employeur (NatWest, depuis vendue à la Royal Bank of Scotland – RBS) de 15 millions d’euros, en conseillant de vendre une part d’une société d’Enron largement en dessous de son prix. Ils auraient au passage empoché au total 7,3 millions de dollars (5,75 millions d’euros).

La justice américaine a retenu sept chefs d’accusation contre eux. Chacun les rend passibles d’une peine de cinq ans de prison, soit 35 ans de prison s’ils sont reconnus coupables.

S’ils plaident coupable, ils devraient cependant être condamnés à une peine réduite. Eux assurent être innocents, et ont tenté pendant deux ans d’obtenir que leur cas soit examiné au Royaume-Uni, où aucune charge n’a été retenue contre eux.

Leur avocat Mark Spragg a regretté jeudi que Londres ait refusé qu’ils soient jugés en Grande-Bretagne. “Cela aurait pu aisément être jugé au Royaume-Uni. C’est là que se trouve la victime (la banque), c’est là que se trouvent les témoins, mais non, le gouvernement (britannique) a insisté pour qu’ils soient extradés sur la base d’un traité très injuste”, a-t-il accusé.

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Gary Mulgrew, ancien employé de la NatWest, à Londres le 13 juillet 2006 (Photo : Carl de Souza)

Me Spragg a également dit avoir des craintes sur la partialité de la justice américaine. “Non, je ne crois pas qu’ils vont avoir un jugement équitable là-bas, mais ils auraient assurément obtenu un jugement équitable en Angleterre”, a-t-il déclaré, considérant qu’il faudra deux ans aux trois hommes pour constituer leur défense.

Mais ni ses protestations, ni l’émotion suscitée en Grande-Bretagne n’auront changé le cours des choses. Lors d’un débat exceptionnel à la Chambre des Communes, des députés libéraux-démocrates et conservateurs avaient dénoncé mercredi un traité d’extradition “injuste et déséquilibré, négocié en secret”.

Depuis la signature d’un nouveau traité d’extradition entre Londres et Washington en 2003, les Américains n’ont pas besoin de présenter des preuves avant d’obtenir une extradition.

Pour tenter de calmer la tempête, le Premier ministre britannique Tony Blair avait affirmé mercredi que les autorités judiciaires américaines n’étaient pas opposées à la libération sous caution des trois financiers, en attendant leur procès.

 13/07/2006 21:12:36 – © 2006 AFP