N’en
déplaise à beaucoup, j’ai le chic et le défaut de râler tout le temps. Je
suis un éternel insatisfait et très peu de choses m’impressionnent. Je
demeure fort exigeant, à commencer envers moi-même. Je ne réinvente pas la
roue, je ne fais que plagier (une fois n’est pas coutume), les sages de ce
monde.
C’est que mon éternelle insatisfaction et mon éternelle exigence ont un
objectif : atteindre ce qu’il y a de mieux (je ne dis pas parfait). L’adage
dit, «visez la lune et même si vous la ratez, vous vous retrouverez parmi
les étoiles».
A la lecture des réactions de nos lecteurs aux différents articles, je reste
étonné par l’autosatisfaction et la satisfaction du peu réalisé qui s’en
dégagent. En matière de foot, un lecteur a dit qu’il ne fallait pas viser le
deuxième tour pour ne pas être déçu. Un autre nous demande de nous occuper
d’économie au lieu de foot et de ne pas encourager les punitions quand on a
osé demander des comptes à notre team national.
Un autre, à propos de tourisme, nous reproche ce défaitisme permanent parce
qu’il estime qu’avec 6 millions de touristes (sur 10 millions d’habitants),
on devrait être satisfait !
Avant de continuer ma chronique, j’aimerais attirer l’attention de ce
lecteur sur deux chiffres fort significatifs. Le tout petit émirat de Dubaï
(moins petit que Tunis) attire 6 millions de touristes et nettement plus de
recettes touristiques que nous. A Saint Tropez, à la Côte d’Azur du Sud de
la France, on dénombre 5 millions de touristes. On ne parle pas du reste de
la Côte d’Azur. On parle uniquement de Saint Tropez. Donc, notre propos
n’est pas de critiquer notre tourisme, mais tout simplement de dire que l’on
a encore beaucoup de chemin à faire et que ce qu’on a fait (aussi bon
soit-il) est insuffisant.
Je reprends ma chronique. Maintenant, si on veut voir la partie remplie du
verre, on peut comparer nos six millions de touristes à tous ces pays qui
n’ont pas de vocation touristique. Idem en matière d’économie, idem en
matière de technologie. Là, on sera en pleine langue de bois et en pleine
autosatisfaction. On ne râlera plus et on répètera sur tous les toits que
nous sommes heureux comme ça avec le peu qu’on a. Après tout, «El qanaâa
mina eddine » ! (Signifiant à peu près que la sobriété est bonne et
religieuse). Mais est-ce qu’on veut réellement pour nous ? Le fait de râler
ne nous invite pas à aller encore plus de l’avant et vouloir encore et
toujours mieux ? Le fait de voir ceux qui sont mieux que nous n’est pas une
volonté de les rejoindre ? Si on s’amuse à voir qui on a dépassé, on risque
fort de ne pas voir la distance de ceux qui nous ont dépassé et elle risque
fort de s’allonger de plus en plus.
Dans une course (et cette mondialisation en est une), on regarde toujours
vers l’avant et jamais en arrière. Le temps de l’autosatisfaction et de
l’autocongratulation où tout est beau et tout est joli, est révolu.
Ainsi va le monde d’aujourd’hui que cela nous plaise ou non. Si on veut
rester dans la course, il est impératif de le savoir et (surtout) de garder
toujours ça en tête !