[14/07/2006 14:07:24] MOSCOU (AFP) Le groupe pétrolier public Rosneft, deuxième producteur russe, va lever 10,4 milliards de dollars lors de son introduction à la Bourse de Londres et Moscou, l’une des plus grosses de l’Histoire, qui consacre la puissance énergétique de la Russie au moment où les cours du brut battent de nouveaux records. L’opération pourrait toutefois être bloquée par une ultime requête du groupe russe Ioukos, quasi démantelé au bénéfice de Rosneft, devant la justice britannique. “Le montant total des fonds dégagés par l’offre est de 10,4 milliards de dollars, ce qui fait de l’entrée en Bourse de Rosneft la cinquième plus grosse au monde et la plus grosse pour les compagnies russes”, a affirmé Rosneft vendredi dans un communiqué. Selon la liste des principales introductions en Bourse du spécialiste canadien des statistiques financières Thomson Financial, cela ne constitue que la septième place. Le prix de l’action est dans le haut de la fourchette qui avait été initialement annoncée (entre 5,85 et 7,85 dollars), attestant du succès de cette opération appuyée par le Kremlin, avec une demande supérieure à l’offre. De plus, selon des courtiers à Londres, les échanges conditionnels hors marché de l’action Rosneft ont débuté vendredi au prix de 7,66 dollars. Le président russe Vladimir Poutine a vanté jeudi soir à la télévision allemande une entrée en Bourse “transparente” et “conforme aux règles du marché”, dans une volonté de dissiper le parfum de scandale entourant cette opération. Car le principal atout de Rosneft est une filiale arrachée à Ioukos, l’ex-numéro un du pétrole russe, acculé à la faillite après une vaste campagne judiciaire considérée comme orchestrée par le Kremlin, et dont le PDG, Mikhaïl Khodokorvski, purge en Sibérie une peine de huit ans de prison. L’acquisition de cette filiale, fin 2004, dans des conditions troubles et pour une fraction de son prix, a permis à Rosneft de tripler sa production de pétrole à 1,5 million de barils par jour et de presque quintupler son bénéfice net l’an dernier à 4,1 milliards de dollars. Ioukos est d’ailleurs venu se rappeler vendredi au bon souvenir de Rosneft en annonçant une ultime tentative judiciaire devant la Haute Cour britannique pour bloquer l’opération. La Financial Services Authority (FSA), gendarme de la Bourse de Londres, a souligné que son feu vert à Rosneft demeurait valide et que l’opération se poursuivrait tant que la Haute Cour, sollicitée par Ioukos, ne prenait pas de décision contraire. Cette demande doit être examinée lundi. Si la cour accédait aux demandes de Ioukos, l’entrée en Bourse ne se ferait donc pas mercredi comme prévu. Avec une levée de 10,4 milliards de dollars, Rosneft est valorisé à 80,2 milliards de dollars, “la seconde capitalisation russe”, souligne Rosneft, devancé seulement par le monopole gazier Gazprom, dont Rosneft vient d’acheter un peu plus de 10%. L’introduction en Bourse d’une partie du capital de Rosneft doit lui permettre notamment de rembourser le prêt ayant permis cette prise de participation dans Gazprom. Rosneft avait démarché les principales places financières mondiales et les majors pétrolières, surtout soucieuses de donner par cet investissement un gage de loyauté aux autorités russes afin d’être autorisées à participer au développement de gisements en Russie, selon les analystes. Selon Rosneft, les “investisseurs stratégiques” (majors pétrolières) ont souscrit à hauteur de 21% de l’offre, les “investisseurs internationaux” de 36%, les investisseurs russes de 39% et les petits actionnaires russes de 4%. Selon le quotidien des affaires Vedomosti de vendredi, les plus gros acheteurs sont les groupes chinois CNPC (trois milliards de dollars), britannique BP et malaisien Petronas (un milliard), dans un article citant des sources proches de Rosneft. BP a investi pour sa part “de l’ordre d’un milliard de dollars” dans l’opération, a indiqué son porte-parole Robert Wine à Londres. |
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