[15/07/2006 10:27:52] CARACAS (AFP) Réputé comme l’un des meilleurs au monde, le cacao du Venezuela connaît une production en chute libre, tombée de 20.000 tonnes en 2000 à 12.000 tonnes en 2005 avant de se stabiliser difficilement. Le café d’abord et le pétrole ensuite portent un coup dur à la production de cacao, dont le Venezuela était le premier exportateur mondial en 1800, selon la chambre des producteurs et exportateurs de cacao (Capec). “Le travail dans les plantations était trop dur”, a expliqué Brian Van den Broucke, Maître Chocolatier belge à La Praline, chocolaterie fine très réputée à Caracas, créée par sa mère en 1985. La porte-parole de la Capec, Carmen Hélène Otengo, indique que les zones de production sont humides, sources de maladies, et dangereuses. Les pillages sont courants. “La situation est si grave qu’ils ne volent plus seulement le produit emmagasiné, mais aussi les cosses quand elles sèchent et même durant la récolte”, précise Mme Otengo. Aujourd’hui, des bandes de délinquants se “spécialisent” dans le vol des fermes cacaotières. A cela s’ajoute un niveau élevé de meurtres dans les zones productrices de cacao.
La production est donc découragée et le peu de cacao de grande qualité produit n’est quasiment pas disponible sur le marché. Le Venezuela est le berceau de la meilleure varieté de cacaoyer au monde, le “criollo”, dont la production dans la région de Chuao (70 km à l’ouest de Caracas) est l’une des plus recherchées. Le Chuao est vendu en exclusivité et pour les trois années à venir, à une entreprise italienne, Amadeus, qui en a repris le monopole à la française Valrhona. La société italienne vend le Chuao directement en tablettes dans de rares points de vente très “select” dans les grandes villes du monde. “Voici 5-10 ans, il y avait le chocolat noir, le chocolat au lait et le chocolat blanc. Personne ne connaissait le +criollo+, donc c’était beaucoup moins dur à trouver”, observe Brian Van den Broucke. “Puis, question de mode, ou de coup marketing orchestré par les Américains, les amateurs se sont intéressés au chocolat de pure origine. Le +criollo+ est alors devenu très recherché, et les prix ont explosé”, poursuit le chocolatier qui lui même ne l’utilise que pour des commandes très spéciales.
Les Vénézueliens ont toujours été amateurs de chocolat qu’ils boivent même à l’occasion de baptêmes ou de mariages. Mais plus de la moitié de leur cacao est exporté. Pour développer la production, le gouvernement fournit des aides aux petits producteurs à travers différents programmes ou des emprunts avantageux. Il investit également dans la production de cacao organique. Originaire de la côte caribéenne de l’Amérique latine, le cacao était connu des Aztèques et des Mayas, qui buvaient déjà du tchocolatl ou du xocoatl. Hernan Cortez, le “conquistador” du Mexique, exportera le fèves de cacao vers l’Espagne dès 1520. Au Venezuela, dès la fin du XVIe siècle, les Augustins et les Jésuites sont parmi les premiers à promouvoir la culture du cacao dans la région du lac de Maracaibo (ouest du pays). Vers 1800, l’explorateur Alexandre Von Humboldt estime à 6 millions le nombre de cacaotiers au Venezuela, avec une production supérieure à celle d’aujourd’hui. Selon un rapport de l’époque, le Venezuela couvre alors la moitié de la demande mondiale. La production de cacao chute à cause de la guerre d’Independance et ce sont des Corses qui vont reprendre en main la production à partir de 1820. |
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