[16/07/2006 09:24:29] COPENHAGUE (AFP) Le Groenland, territoire danois d’outre-mer, lance mardi 18 juillet un nouveau round de concessions pétrolières très attendu dans les eaux de l’ouest de l’île, qui renfermeraient d’importantes réserves de pétrole et de gaz. L’envolée des prix du pétrole ces dernières années et la raréfaction à terme des réserves mondiales, ont fait tourner les regards d’un grand nombre de compagnies pétrolières vers le Groenland, qui pourrait être un nouvel eldorado de l’or noir de l’Arctique. “Nous n’avons jamais connu autant d’intérêt pour la prospection pétrolière qu’aujourd’hui, ce qui conforte notre optimisme. Notre rêve de devenir un grand producteur énergétique de poids pourrait devenir réalité un jour”, constate Joern Skov Nielsen, chef de division, au Bureau des matières premières (Bureau of Minerals and Petroleum) à Nuuk, la capitale de l’île. Pour preuve, “un grand nombre de compagnies américaines et européennes, ont acheté les données sismiques collectées dans la baie de Disko qui sera ouverte à la recherche pétrolière lors de ce 4e round”, a-t-il souligné. “C’est un signe qui ne trompe pas, et la meilleure indication, dit-il, que l’industrie pétrolière mise de plus en plus sur le Groenland, d’autant qu’on sait qu’il y a du pétrole et qu’on a enregistré des +fuites+ d’hydrocarbures sur les roches des côtes de la baie de Disko qui proviennent de la mer selon les analyses”. La baie de Disko abrite le fjord et le glacier d’Ilulissat, classés en 2004 au patrimoine mondial de l’Unesco. Et ce projet de prospection pétrolière dans cette zone à l’environnement fragile a suscité de vives préoccupations de Greenpeace et du Fonds mondial de la nature, craignant pour la survie des baleines, des crevettes et des oiseaux marins qui y vivent. Prenant en compte ces préoccupations, le gouvernement local groenlandais a assuré que l’environnement sera protégé en ouvrant dans ce 4e round la baie de Disko à la prospection pétrolière qui pourrait être la poule aux oeufs d’or pour cette île, peuplée de 58.000 habitants, inuits pour la plupart, et qui bénéficie d’un statut d’autonomie interne depuis 1979. Mais les Groenlandais caressent toujours l’espoir de “gagner le gros lot”, qui leur procurerait une manne providentielle pour assurer leur totale indépendance du Danemark, qui finance actuellement la majeure partie du budget de l’île, dont les revenus proviennent essentiellement de la pêche. Les dirigeants du territoire attendent beaucoup de ce nouveau round de concessions qui serait très prometteur. Ils placent déjà leurs premiers espoirs dans la compagnie canadienne EnCana, qui a remporté en janvier 2005 une licence de prospection offshore de pétrole et de gaz pour une zone située entre le 62e et 69e parallèle, à 250 km à l’ouest de Nuuk. EnCana va faire deux forages en 2008 dans cette zone, située au sud de la baie de Disko, et qui contiendrait des réserves estimées jusqu’à 2 milliards de barils. L’intérêt grandissant des compagnies pour le Groenland est dû aussi au réchauffement climatique en Arctique, qui est deux fois plus rapide que dans le reste de la planète. La fonte rapide des glaces ouvrirait la voie à l’exploration de zones inacessibles il n’y a pas si longtemps. C’est au nord-est de l’île pris par les glaces, entre le Groenland et la Norvège (au socle riche en pétrole), que le potentiel en hydrocarbures serait le plus impressionnant selon des estimations de l’US Geological Survey de 2001. Ce secteur, où la profondeur de la mer ne serait que de 100 à 200 mètres, pourrait renfermer jusqu’à 110 milliards de barils de brut, correspondant à la moitié des réserves de l’Arabie saoudite, le premier producteur mondial, selon les géologues américains. “Les analyses sismiques montrent des structures et des roches dans le fond marin typiques pour contenir du pétrole, et une géologie comparable à celle de la Norvège qui possède de grandes réserves” selon le responsable des matières premières du Groenland, rappelant que “les deux territoires étaient très rapprochés il y a des millions d’années”. “Il est réaliste qu’on lance un 5e tour de concessions dans cette zone, d’ici 3-4 ans” pense-t-il, s’attendant à “un grand intérêt des compagnies pétrolières pour prospecter ces énormes ressources potentielles”. |
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