Ils sont environ un million de
Tunisiens, soit le 10ème de la
population, à vivre hors de la mère patrie. Ils sont partis de manière
légale ou illégale à la recherche de la fortune.
Chaque été, ils reviennent par milliers, qui par avion, qui par bateau et
qui par la
route pour se ressourcer, investir ou simplement se reposer.
Sur les routes, ils sont trop visibles à travers ces files de voitures trop
chargées de tous genres de marchandises et de cadeaux pour toute la famille
et même pour toute la grande famille.
Au total, la Tunisie compte exactement 930.000 émigrés et coopérants à
l’étranger répartis sur cinq continents. Sur ce total, l’Europe accueille
740.000 (83,5%), le monde arabe 120.000 dont 85.000 au Maghreb,
essentiellement en Libye, 1.060 en Afrique, 832 en Asie et 25.000 en
Amérique et en Australie. Sur ce total, 90.000 opèrent dans les affaires, le
commerce et la coopération technique.
De date récente, l’émigration tunisienne, réputée au commencement pour être
une émigration de travail d’hommes seuls, est aujourd’hui plutôt une
émigration familiale d’installation définitive. En Europe, des statistiques
fournies par l’Office des Tunisiens à l’étranger font état de plus de 128
mille familles avec une concentration en France et en Allemagne.
Les jeunes Tunisiens à l’étranger, qui sont âgés de moins de 16 ans, représentent
24% de la colonie tunisienne à l’étranger. Il s’agit donc d’un
rajeunissement de l’émigration tunisienne qui est actuellement à sa 3ème
génération.
Idem pour l’élément féminin. Les femmes émigrées représentent à peu près
24,5% de l’ensemble. Pour la seule France, elles sont estimées à 38,2%. Par
ailleurs, environ 7% des Tunisiens vivant en France ont plus de 60 ans.
Dans les pays du Golfe, les membres de la colonie tunisienne sont pour la
plupart des coopérants techniques.
Les Etats-Unis d’Amérique et le Canada représentent une nouvelle destination
pour l’émigration tunisienne. Ce sont surtout des étudiants, des cadres et
des jeunes diplômés qui émigrent dans ces pays.
Seule zone d’ombre, les mutations sociales de l’émigration tunisienne se
distinguent par un chômage prononcé chez les jeunes âgés de moins de 24 ans.
En France, il est estimé à 52%.
Au delà de ces indicateurs, la communauté tunisienne à l’étranger se
distingue, surtout, par son impact économique perceptible à travers le
transfert de ses économies vers la Tunisie.
Selon une récente étude effectuée par la Banque Européenne d’Investissement
et la Facilité Euro méditerranéenne pour l’Investissement et le Partenariat
(BEI/FEMIP) sur les fonds envoyés par les travailleurs émigrés des pays du
pourtour de la Méditerranée dans leurs pays d’origine, ces flux ont
représenté en moyenne 4,8% du PIB entre 2000 et 2005.
Au regard des autres postes des balances extérieures, ces fonds, estimés
pour 2004, à 1.782,7 millions de dinars, ont une dimension fort stratégique
pour une raison majeure. Cette ressource financière stable a permis de
financer 40% du déficit commercial (12,4% du PIB en moyenne) entre 2000 et
2005), et représente trois fois l’Aide publique au Développement (APD) nette
reçue par la Tunisie (260 millions de dollars en 2004, soit 1,3% du PIB).
En dinars, ces fonds, mentionnés mensuellement dans les communiqués du
Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT), présentent
l’avantage de croître, depuis 2000, au fort taux de 10% par an. La parité
euro/dinar étant favorable. En euros, la hausse a été environ deux fois
moins importante. Un peu plus de 50% des flux proviennent de France.
Enfin, ces fonds ont permis de créer durant la période 1987- 2004, 8.850
projets pour un investissement global de l’ordre de 321 millions de dinars
générant 39.381 emplois. Au plan sectoriel, ces projets sont répartis en 773
projets agricoles, 2.423 projets industriels, 5.649 projets dans les
services…