Etats-Unis : le président de la FED Ben Bernanke rend son verdict sur l’économie

 
 
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Le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke, le 5 juin 2006 à Washington (Photo : Paul J. Richards)

[18/07/2006 08:00:52] WASHINGTON (AFP) Le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke rend mercredi son verdict bi-annuel sur l’économie, dans un contexte d’incertitudes sur la croissance et l’inflation exacerbées par les tensions géopolitiques.

Comme il le fait deux fois par an, le patron de la Banque centrale américaine prononcera un discours mercredi devant le Sénat (et jeudi devant la Chambre des représentants) pour dire où en est l’économie américaine et présenter son rapport de prévisions.

Cette apparition est toujours très attendue parce qu’elle laisse généralement prévoir les futures décisions de politique monétaire. Le principal taux de la Banque centrale est aujourd’hui à 5,25%, après 17 relèvements de 0,25 point consécutifs.

Elle le sera d’autant plus cette fois que trois facteurs contribuent à accroître la nervosité des investisseurs: l’économie doit négocier un tournant délicat, la crise au Proche-Orient déstabilise les marchés et le nouveau patron de la Fed a un problème de crédibilité.

En toile de fond, l’économie américaine navigue actuellement entre ralentissement de la croissance et accélération de l’inflation.

“Bernanke va certainement faire état d’une pincée de stagflation dans son discours”, estime Ethan Harris de Lehman Brothers. Cette situation se caractérise par de l’inflation mais sans croissance.

Cette situation place la Banque centrale dans une situation inconfortable.

D’un côté les consommateurs achètent moins, le marché immobilier ralentit et les entreprises embauchent peu, ce qui plaide pour un arrêt des hausses de taux, afin de ne pas étouffer la croissance.

Mais, dans le même temps, la flambée des prix du pétrole et l’épuisement des sur-capacités de l’économie font grimper l’inflation, ce qui devrait au contraire inciter la Fed à un nouveau tour de vis monétaire.

La grande question est de savoir quel danger est le plus menaçant aux yeux de la Fed.

Selon M. Harris, “l’intervention va sans doute porter un peu plus sur les risques pour l’inflation que pour la croissance”.

Dans ce contexte, l’embrasement de la situation au Proche-Orient ne fait qu’ajouter à la nervosité des marchés. Les Bourses ont beaucoup baissé depuis mercredi et le cours du baril a bondi.

“Les investisseurs se demandent si la crise et la hausse des prix du pétrole qui en résulte vont faire basculer l’économie américaine dans la récession”, soulignent les économistes de Wachovia dans une note.

“Pour la Fed, les remous du Proche-Orient augmentent les risques d’erreur”, ajoutent-ils.

M. Bernanke devra donc trouver des mots rassurants pour redonner confiance aux marchés.

Ce ne sera pas une tâche facile car ceux-ci restent mal à l’aise face au nouveau président de la Fed, dont ils ont du mal à décrypter le message.

M. Bernanke a toujours dit que sa politique monétaire dépendrait des développements de l’économie. Compte-tenu des à-coups de la conjoncture, son discours a pris une palette de nuances là où les investisseurs auraient préféré un discours tranché.

Ils ont d’abord cru à une prochaine “pause” dans le cycle de hausse des taux, avant d’entendre parler d’inflation “malvenue”, puis finalement de “modération de la croissance”.

Déboussolés devant ce qui leur apparaissait comme des coups de barre contradictoires, les marchés ont surréagi à chaque fois et mis en doute la crédibilité de la Fed.

Or “la crédibilité est le bien le plus précieux d’un banquier central, très difficile à obtenir mais étonnamment facile à dilapider”, avertit David Watt de BMO Nesbitt Burns.

“Bernanke a peut-être le CV qu’il faut pour faire un très bon président, mais il ne refera pas sa crédibilité du jour au lendemain”, selon lui.

 18/07/2006 08:00:52 – © 2006 AFP