[18/07/2006 10:48:10] MOSCOU (AFP) Vladimir Poutine peut se targuer de quelques succès au premier sommet du G8 sous présidence russe, surtout en termes d’image, malgré un compromis a minima sur le Proche-Orient et l’échec sur l’entrée de la Russie à l’OMC qui a terni la fête. Pendant trois jours, le chef du Kremlin a reçu en grande pompe les grands de ce monde dans sa ville natale de Saint-Pétersbourg, en s’attachant à montrer que la Russie parlait sur un pied d’égalité avec les autres grandes puissances et en séduisant par son sens de la communication. “Pour la Russie, le succès c’est le fait même que ce sommet ait eu lieu et qu’on ne pose plus cette question douleureuse : la Russie a-t-elle le droit de faire partie du G8 ?”, relève Alexeï Malachenko de la fondation Carnegie à Moscou. “Poutine a prouvé qu’il était un membre à part entière du G8”, renchérit John Kirton, expert du G8 à l’université de Toronto. “Je n’ai jamais vu de sommet où le président du pays hôte apparaissait chaque soir devant les journalistes pour parler à bâtons rompus”, ajoute M. Kirton. Entrée progressivement dans ce club des pays riches à une époque où l’Occident voulait ménager le président Boris Eltsine et l’aider à moderniser une économie chancelante, la Russie y siège désormais comme une puissance énergétique, en pleine croissance, et comme un interlocuteur incontournable. “La Russie a totalement rempli ses objectifs sur le plan des relations publiques”, estime Timofeï Bordatchev de la revue Russie dans la politique globale, en relevant que le très respecté hebdomadaire Economist a consacré sa Une à Vladimir Poutine sur le thème “Vivre avec une Russie forte”.” Moscou a également réussi à contenir les critiques sur la démocratie en Russie qui menaçaient de jeter une ombre sur le sommet. “Soit la guerre au Liban a changé les priorités, soit tous ont compris qu’il n’était pas productif de ‘casser’ Poutine et ont peu parlé de démocratie”, relève le quotidien populaire russe Komsomolskaïa Pravda. Concrètement, que ce soit sur le Proche-Orient ou la sécurité énergétique, le bilan est plus mitigé malgré un consensus de façade dans les déclarations et résolutions finales.
Les Huit ont demandé un arrêt de l’offensive israélienne au Liban et la fin des bombardements du Hezbollah. Ils ont proposé l’envoi d’une force de stabilisation au Liban-Sud, ce qui va prendre du temps, mais ont renoncé à réclamer un cessez-le-feu immédiat, faute d’accord. “Sur le Proche-Orient, on en est resté aux vieux problèmes, avec les Américains pro-israéliens, la position spéciale de l’Europe, la France pro-libanaise. Plus de traces de ‘feuille de route’, d’un règlement pacifique”, estime M. Malachenko. Pour le quotidien russe Izvestia, proche du pouvoir, “la grande déception du sommet” restera l’échec des négociations américano-russes pour l’entrée de la Russie dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Moscou, qui espérait décrocher un feu vert de Washington à l’occasion de la rencontre entre Vladimir Poutine et George W. Bush, a dû déchanter. Les négociations ont achoppé sur une question apparemment mineure de contrôles sanitaires sur les importations de viande. Sur l’énergie, qui s’annonçait comme le grand sujet du sommet, la déconvenue a sans doute aussi été grande, surtout du côté des Européens, qui n’ont pas obtenu grand chose sur l’ouverture du marché russe à la concurrence. “La montagne du G8 a accouché d’une souris”, constate le quotidien russe des affaires Kommersant en pointant la déclaration a minima sur l’amélioration de la sécurité énergétique, qui promet un recours croissant aux énergies renouvelables et au nucléaire face à l’épuisement des hydrocarbures. Pour le quotidien des affaires Vedomosti, le sommet a peut-être “frappé par l’absence évidente de résultats” mais il s’est aussi “terminé sans excès ni scandales”. “C’est cela, et pas les déclarations signées, qui en fait un succès pour la Russie”, estime-t-il. |
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