Fusion GDF/Suez : les PDG justifient leur fusion en l’absence des élus PS

 
 
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Le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix (G) discute avec le PDG de GDF, Jean-François Cirelli, le 19 juillet 2006 à l’Assemblée nationale à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[19/07/2006 20:09:11] PARIS (AFP) Les PDG de Suez et de GDF ont justifié mercredi leur projet de fusion par le contexte de concentration du secteur énergétique, en l’absence des députés PS, qui ont boycotté leur audition parlementaire et préparent des milliers d’amendements pour faire obstruction au projet de loi.

Opposés au rapprochement GDF-Suez, les députés PS ont boycotté l’audition de Gérard Mestrallet (Suez) et Jean-François Cirelli (GDF) par la commission des Affaires économiques et annoncé le dépôt, la semaine prochaine, de “15 à 20.000 amendements” au projet de loi permettant cette fusion.

Ce projet, qui sera examiné par les députés à partir du 7 septembre, prépare la fusion GDF-Suez en autorisant l’Etat à réduire sa part dans GDF à 34%, contre 80% actuellement, ce qui privatisera le groupe gazier.

A cet égard, M. Mestrallet a écarté l’idée de réduire la part de l’Etat dans GDF à 51%, au lieu de 34%, car cela reviendrait à “nationaliser Suez”.

Aux députés UMP, tel François-Michel Gonnot (Oise), qui ont demandé pourquoi Suez ne se rapprochait pas de l’italien Enel, M. Mestrallet a répondu qu’Enel, qui avait fait part de son intérêt pour Suez en début d’année, “attendait” la décision des députés “avec beaucoup d’intérêt”.

“Enel n’a pas disparu”, a-t-il ajouté, alors que le projet de fusion Suez-GDF avait été présenté par le gouvernement en février comme le moyen de contrer une éventuelle OPA d’Enel sur Suez.

Quant à l’hypothèse de participations croisées entre Suez et GDF, privilégiée par certains députés, comme Jacques Bobe (UMP, Charente), le dirigeant de Suez a réaffirmé que ce n’était “pas une solution”, car il s’agirait d’une “opération financière sans contrepartie industrielle”, qui ne “pourrait pas relever les enjeux” énergétiques de demain.

M. Mestrallet a fait valoir que la fusion permettrait la création d’un leader européen du gaz naturel liquéfié (GNL), “élément central” de sécurisation des approvisionnements énergétiques de l’Europe.

Lors de son audition, M. Cirelli a souligné que le nouveau groupe, qui vaudra 65 milliards d’euros, serait difficilement la proie d’une OPA par d’autres groupes, comme le géant gazier russe Gazprom.

Il a de nouveau réfuté l’idée que la fusion soit synonyme de hausse des prix du gaz, qui sont indexés sur ceux du pétrole.

La semaine dernière, cinq députés de la majorité s’étaient inquiétés de l’opportunité d’ouvrir un débat aussi sensible au Parlement, si près des échéances présidentielle et législatives de 2007.

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Le PDG de Suez, Gérard Mestrallet (C) discute avec les députés Patrick Ollier (UMP) (G) et Jean-Claude Lenoir, le 19 juillet 2006 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

Par ailleurs, le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, interrogé aussi par les députés — PS compris cette fois — sur l’avenir des tarifs de l’électricité après l’ouverture totale du marché de l’énergie en juillet 2007, a posé ses conditions sur la possibilité, pour les industriels, de bénéficier à cette date de tarifs spécifiques.

De nombreux députés UMP s’inquiètent du volet du projet de loi qui prépare l’ouverture du marché de l’énergie aux particuliers le 1er juillet 2007, après son ouverture aux industriels en juillet 2004.

Alors que les prix de l’électricité s’envolent sur le marché libre, des députés ont conditionné leur soutien au projet de loi à la possibilité, pour les industriels, de revenir aux tarifs fixés par les pouvoirs publics, dits “régulés”.

Le rapporteur du projet de loi, Jean-Claude Lenoir (UMP), a proposé un retour au tarif régulé “pendant deux ou trois ans” sur “une part” de la facture énergétique.

M. Gadonneix s’est dit d’accord sur le principe d’un tarif spécifique “transitoire” mais à condition notamment qu’il n’empêche pas les investissements et permette aux opérateurs concurrents d’EDF de “conserver leurs clients”.

 19/07/2006 20:09:11 – © 2006 AFP