Président de la Fed : l’économie ralentit en douceur mais l’inflation reste une inconnue

 
 
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Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke, le 5 juin 2006 à Washington (Photo : Paul J. Richards)

[19/07/2006 18:11:00] WASHINGTON (AFP) La croissance américaine ralentit en douceur, ce qui devrait aider à contenir l’inflation, mais la cherté des prix du pétrole est une inconnue que la banque centrale va surveiller de près, a indiqué mercredi le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke.

L’économie américaine est “dans une période de transition”, a estimé M. Bernanke dans un discours devant la Commission financière du Sénat.

Dans l’ensemble, “la croissance de l’activité économique devrait se modérer à un rythme proche de la croissance potentielle cette année et l’an prochain”, ce qui devrait “aider à limiter les pressions inflationnistes sur la durée”, a-t-il ajouté.

Ce jugement a été salué par la Bourse, le Dow Jones prenant 1,82% à 10.996,05 points à 17H25 GMT. Une modération de la croissance plaide pour une pause des hausses de taux, un facteur favorable aux marchés boursiers.

De plus, le président de la Fed a répété que la politique monétaire agissait sur l’économie avec un décalage dans le temps, et estimé que les taux directeurs étaient sans doute dans une fourchette beaucoup plus proche de la “normale” aujourd’hui.

Autre facteur rassurant pour le loyer de l’argent, “nous pourrions voir l’inflation continuer de décliner en 2008”, a estimé M. Bernanke.

“Le ton de Bernanke suggère qu’il préfèrerait faire une pause”, a commenté Stephen Gallagher, de la Société Générale.

Aussi, même si les risques d’inflation et la cherté de l’énergie vont pousser la banque centrale à remonter ses taux à nouveau lors de sa réunion du 8 août, elle s’arrêtera ensuite, a jugé l’analyste.

M. Bernanke a également souligné combien il était difficile de se faire une idée de la situation de l’économie alors que celle-ci négocie un virage délicat.

C’est pourquoi la Fed continuera de réévaluer son jugement au fur et à mesure qu’elle recevra de nouveaux indicateurs, a-t-il répété.

Il a également assorti son jugement d’une sérieuse mise en garde sur l’inflation.

“Même si notre scénario de base table sur une modération de l’inflation, le Comité juge qu’il reste certains risques”, a-t-il déclaré, en soulignant que “la hausse récente de l’inflation inquiète le FOMC”, le Comité de politique monétaire qui fixe le niveau des taux directeurs, a-t-il noté.

Le principal taux de la Fed est actuellement à 5,25% après 17 relèvements successifs depuis juin 2004 et la prochaine réunion du FOMC est prévue pour le 8 août.

“L’inflation pourrait augmenter et nous forcer à agir plus agressivement (…) C’est un risque, et nous avons aussi les problèmes géopolitiques” alors que “les prix du pétrole sont un risque et une inquiétude”, a-t-il assuré.

Les marchés s’attendent certes à une stabilisation des cours du brut. Mais ces attentes “ont été constamment déçues ces dernières années”, a mis en garde le président de la Fed.

Si l’inflation continue d’augmenter, les attentes d’inflation risquent de s’établir à un niveau plus élevé elles aussi, a souligné Ben Bernanke.

Or “une inflation durablement élevée éroderait les performances de l’économie, et inverser le mouvement coûterait cher. La Réserve fédérale doit prendre ces risques en compte lorsqu’elle prend ses décisions”, a-t-il martelé.

Au vu de cette mise en garde, certains analystes croient moins au scénario d’une pause prochaine.

“Il est possible que la Fed ait presque fini” de relever ses taux après sa réunion d’août, mais “le risque nous semble de plus en plus clair et net qu’il lui faudra aller plus loin”, a estimé Nigel Gault, de Global Insight.

 19/07/2006 18:11:00 – © 2006 AFP