Rosneft plutôt bien accueilli pour son premier jour à la Bourse de Londres

 
 
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Le siège de la compagnie pétrolière russe Rosneft devant le Kremlin, le 4 juillet 2006 à Moscou (Photo : Denis Sinyakov)

[19/07/2006 16:04:26] LONDRES (AFP) Le pétrolier russe Rosneft a été plutôt bien accueilli mercredi pour son premier jour à la Bourse de Londres, gagnant jusqu’à 2,98% après avoir obtenu le feu vert de la justice britannique pour cette cotation controversée.

A 13H45 GMT, le titre Rosneft était en hausse de 1,22% à 7,48 dollars.

Le prix de l’action avait été fixé à 7,55 dollars pour les échanges conditionnels entre investisseurs, vendredi dernier, dans le haut de la fourchette des estimations, avant de s’effriter légèrement jusqu’à 7,39 dollar juste avant le début des échanges officiels.

Avec 10,4 milliards de dollars levés, pour une valorisation totale d’environ 80 milliards de dollars, cela fait de Rosneft l’une des plus grosses introductions en bourse de l’histoire (la 5ème selon lui, la septième selon un classement établi par l’agence spécialisée Thomson Financial) et la plus grosse pour une entreprise russe.

Cette introduction a été permise mardi par la justice britannique, malgré l’action en justice intentée par l’autre compagnie russe Ioukos, sur les ruines duquel Rosneft a été construit.

Ioukos considère que la mise en vente des 13% de Rosneft offerts par la Russie au public s’apparente à du blanchiment, car elle aurait été illégalement dépossédée de ses actifs après sa déconfiture en 2003, qui a vu son patron Mikhail Khodorkovski envoyé en prison en Sibérie pour huit ans pour fraude fiscale.

Rosneft tire en effet 70% de sa production de Iouganskneftegaz, un actif de Ioukos acquis aux enchères pour bien moins cher qu’il ne vaut maintenant.

L’arrivée des actifs de Ioukos dans Rosneft se lit assez bien dans le résultat de celui-ci : le chiffre d’affaires est ainsi passé de 3,6 milliards de dollars en 2003 et 5,3 mds USD en 2004 à 24 milliards en 2005.

Mais le juge britannique a considéré qu’il n’était pas compétent pour statuer sur une décision d’un pays étranger, et a validé la mise en bourse de Rosneft, souhaitant seulement que les futurs actionnaires soient avisés des risques judiciaires encourus.

Rosneft a accédé à cette demande mercredi avant les premiers échanges. Dans un communiqué à la Bourse de Londres, il a rappelé que Ioukos avait une semaine pour faire appel, et suggéré aux investisseurs “de se forger leur propre opinion” sur la possibilité soulevée par Ioukos, mais rejetée par le juge, de voir s’appliquer dans cette affaire la loi britannique de 2002 sur les revenus de la criminalité.

Ces risques n’ont pas dissuadé différentes compagnies étrangères de prendre une participation dans Rosneft. Ainsi, le malaisien Petronas a acquis des actions à hauteur de 1,1 md USD, BP pour 1 md USD et le chinois CNPC pour 500 M USD.

Au début du mois, “une source” chez BP interrogée par le quotidien britannique le Guardian avait indiqué que le risque de réputation “ne serait pas primordial” dans cette affaire. “Si vous prenez toutes vos décisions sur la base du risque de réputation, vous ne ferez jamais rien”, disait cette “source”.

L’arrivée à Londres de Rosneft, deuxième groupe pétrolier russe, est symbolique à plusieurs égards : elle consacre la puissance énergétique russe, alors que le géant gazier Gazprom se dispute la troisième capitalisation mondiale avec Microsoft, derrière General Electric et ExxonMobil.

Elle démontre aussi la volonté grandissante d’internationalisation et d’expansion à l’étranger de la nouvelle économie russe. Elle est enfin le signe de l’attractivité reconnue à la capitale britannique, dont la souplesse dans la régulation et le grand nombre d’experts financiers sont régulièrement salués par les analystes.

 19/07/2006 16:04:26 – © 2006 AFP