Pas sûr que le consommateur profite de la baisse des prix de gros des SMS

 
 
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SMS envoyé sur un portable (Photo : Jean Ayissi)

[20/07/2006 13:50:20] PARIS (AFP) Trop contents de détenir une manne financière d’environ un milliard d’euros par an, les opérateurs mobiles français sont réticents à toute régulation des tarifs des SMS et rechignent à répercuter une baisse des prix de gros sur le prix final au consommateur.

“En 2005, il s’est échangé près de 13 milliards de SMS (pour un chiffre d’affaires de 1,356 milliard d’euros, ndlr): donc on ne peut pas dire que le prix des SMS soit un frein à l’usage”, se défendait jeudi une porte-parole de SFR.

L’opérateur, qui dit avoir baissé le prix de détail moyen de ses SMS “d’environ 10% par an depuis 2004”, la dernière réduction datant d’avril, ne prévoit pas de nouvelle baisse de ses tarifs avant au moins 2007, alors que la décision de l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) sera effective à l’automne.

“Ce qu’on regrette, c’est que cette décision va conduire les opérateurs mobiles à être soumis à un contrôle administratif supplémentaire, au-delà de la voix”, soupire cette porte-parole, alors que la Commission européenne vient également d’enclencher un processus de baisse des tarifs de roaming (appels reçus ou passés à l’étranger).

Les opérateurs mobiles plaident depuis plusieurs années contre toute régulation des prix de SMS, arguant que le jeu concurrentiel suffit à faire baisser les tarifs.

Un argument que réfute l’Arcep: “Les tarifs de gros (des SMS) n’avaient pas bougé depuis 2000, jamais ils n’avaient spontanément baissé malgré l’explosion du marché”, explique Gabrielle Gauthey, membre du collège.

Mais réguler le marché de gros (les prix que se facturent les opérateurs entre eux pour acheminer les SMS sur leur réseau) ne signifie pas forcément que les tarifs vont baisser pour le consommateur: si le prix de gros joue pour environ 50% du prix de détail, l’opérateur peut toujours répartir ses coûts ailleurs, réduire ses marges…

Ainsi, quand l’Arcep a introduit une première baisse des tarifs de gros en novembre 2005, de 5,3 centimes d’euros par SMS à 4,3 centimes, “il n’y avait eu alors aucune répercussion sur les prix de détail”, rappelle Jean-François Poitut, chargé de mission sur les nouvelles technologies à l’UFC-Que Choisir.

Cette nouvelle régulation envisagée par l’Arcep (entre 3 et 3,5 centimes d’euros) a été accueillie de manière mitigée par l’association de consommateurs: “rien ne préjuge que cette baisse (des prix de gros) va être répercutée sur les prix de détail”, selon M. Poitut. “Il y a d’ailleurs peu de chances que cela se fasse”, a-t-il ajouté.

Un scepticisme que semble partager l’Arcep, qui explique déjà que “rien n’est dit sur ce qui va se passer sur le marché de détail”.

S’interdisant comme toujours d’intervenir sur ce marché, l’Autorité mise sur “l’intensité concurrentielle” et “la pression des associations de consommateurs” pour forcer les opérateurs à répercuter, sur leurs tarifs de détail, la baisse des prix de gros.

Saisi en janvier sur la question, le Conseil de la concurrence avait pourtant recommandé de mettre en place “d’autres instruments (…) pour favoriser une animation concurrentielle du marché de détail”, évoquant l’action que pourraient jouer les opérateurs virtuels (MVNO).

“Nous attendons de voir ce qui va se passer sur le marché des MVNO, dont certains ont fait une partie importante de leur marketing (sur des SMS moins chers)”, explique Mme Gauthey: “la question est de savoir si les MVNO réussiront à renégocier leurs prix de gros sur la base de notre décision”.

 20/07/2006 13:50:20 – © 2006 AFP