Air France-KLM mis en examen comme personne morale dans l’affaire Pretory

 
 
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Avions KLM et Air France à l’aéroport d’Amsterdam

[20/07/2006 17:24:24] PARIS (AFP) Le groupe Air France-KLM a été mis en examen jeudi en tant que personne morale par le juge chargé de l’instruction visant la société de sécurité Pretory, ex-sous-traitante d’Air France avant qu’elle ne fasse faillite, a-t-on appris auprès de l’avocat de la compagnie.

La compagnie aérienne est poursuivie pour “complicité d’abus de biens sociaux et travail dissimulé”, a précisé à la presse Me Jean-René Farthouat.

Air France a obtenu le statut de témoin assisté pour d’autres infractions parmi lesquelles “blanchiment en bande organisée”, a ajouté l’avocat après plus de trois heures d’audition du directeur juridique représentant la compagnie, Jean-Marc Bardy.

Me Farthouat a annoncé qu’il allait déposer une requête visant à annuler cette mise en examen “qui n’est fondée sur aucun élément sérieux”.

Mardi après-midi, le PDG du groupe, Jean-Cyril Spinetta, a été entendu comme témoin assisté pendant plus de six heures par le magistrat financier Hervé Lourau qui a finalement choisi de ne le pas mettre en examen.

Air France “est suspecté d’avoir su que la société Pretory ne respectait pas les dispositions légales et par conséquent se créait une richesse indue”, a expliqué Me Farthouat.

L’enquête judiciaire ouverte en décembre 2003 fait suite notamment à un signalement de Tracfin, la cellule de lutte contre le blanchiment d’argent, qui avait repéré 10 millions d’euros de flux suspects venant de Pretory.

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Le président du groupe Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, arrive au Palais de justice de Paris le 18 juillet 2006 (Photo : Jack Guez)

Par ailleurs, l’instruction porte sur le mode de rémunération du personnel embarqué de la société de sécurité. L’essentiel des salaires aurait été payé illégalement par des sous-traitants cachés dans des paradis fiscaux en économisant sur les charges. Les bénéfices étaient empochés par les dirigeants de l’entreprise.

Le juge Lourau s’interroge d’une part sur les conditions dans lesquelles Pretory, inconnue dans le secteur de la sécurité, a pu décrocher un gros contrat avec Air France et d’autre part sur la connaissance que la compagnie aurait pu avoir des malversations.

En effet, après les attentats du 11 septembre 2001, Pretory avait été chargée par Air France de fournir des gardes embarqués dans les avions à destination des Etats-Unis.

La société avait vu alors son chiffre d’affaires exploser avant d’être placée en liquidation judiciaire en décembre 2003, entraînant le licenciement de plus de 600 salariés.

Les soupçons de favoritisme reposent sur les relations qui unissaient l’ex-directeur de la sûreté d’Air France Joël Cathala, ancien haut fonctionnaire de la police de l’air et des frontières en relation directe avec M. Spinetta, et deux actionnaires de Pretory. M. Cathala, qui a bénéficié d’un non lieu dans un autre dossier en 2005, n’a pas encore été entendu par le juge Lourau.

Quatre personnes physiques ont déjà été mises en examen dans cette affaire dont Jacques Gaussens, ex-PDG de Pretory et Pascal Jumel, ex-enquêteur de police condamné à 17 ans de prison pour des braquages.

 20/07/2006 17:24:24 – © 2006 AFP