OMC : réunion cruciale à Genève avant le sommet de Saint-Petersbourg

 
 
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Peter Mandelson le 17 juillet 2006 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

[23/07/2006 08:13:05] GENEVE (AFP) Six acteurs majeurs des négociations à l’OMC tentent à partir de ce dimanche de concrétiser à Genève les instructions du sommet du G8, qui leur a demandé d’éviter à tout prix l’échec de cinq ans de discussions sur un commerce mondial plus équitable.

Australie, Brésil, Etats-Unis, Inde, Japon et UE réunissent leurs ministres une semaine après le sommet de Saint-Pétersbourg qui a demandé aux 149 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce d’oeuvrer “de toute urgence” à la conclusion du cycle de négociations de Doha, lancé fin 2001 dans la capitale du Qatar.

Ce cycle, qui aurait déjà dû s’achever fin 2004, butte sur un différend de longue date entre pays du Nord et du Sud, qui réclament une réduction des subventions aux agriculteurs, et entre l’Union européenne et les Etats-Unis, qui prônent une baisse des droits de douane sur les produits agricoles.

L’ensemble du cycle doit être conclu avant la fin de l’année, mais un premier accord chiffré de baisse des droits de douane et des subventions doit auparavant être trouvé dans les plus brefs délais.

La détermination des participants du G8 “pourrait se traduire par la percée que nous recherchons depuis des mois”, a espéré mardi la représentante américaine pour le Commerce, Susan Schwab. “Nous devrions voir l’impact de l’engagement des dirigeants du G8 dès ce week-end”. Lors d’une réunion fin juin à Genève avec l’ensemble des pays membres de l’OMC, Mme Schwab s’était retrouvée isolée en refusant d’abaisser davantage les subventions agricoles américaines, accusées de pénaliser les agriculteurs des pays pauvres. Washington exige en échange une ouverture accrue des marchés des pays tiers à ses exportations. Les partenaires de Washington espèrent que la négociatrice américaine a pu depuis convaincre le Congrès de lui donner un peu plus de marge de manoeuvre pour négocier.

Sur le fond, chacun se dit prêt à faire un pas, mais attend toujours des autres qu’ils bougent les premiers. Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson a ainsi répété mardi que l’UE envisagera d’accepter des baisses de ses droits agricoles moyens proches de celles proposées par le G20 (…) si les Etats-Unis font une offre significative sur les subventions agricoles, et deuxièmement si les économies émergentes acceptent des réductions de taxes douanières qui créent de véritables et nouvelles opportunités pour les entreprises.”

Le groupe des pays émergents (G20) emmené par le Brésil et l’Inde réclame une baisse de 54% des droits de douane sur les importations agricoles et Bruxelles s’est dit prêt sous conditions à aller jusqu’à 51%. Jeudi, le quotidien britannique The Guardian a affirmé qu’en échange de cette concession, le Brésil et l’Inde se seraient dits prêts à Saint-Pétersbourg à accepter de ramener leurs droits de douane sur les produits industriels à 18% alors qu’ils ne veulent jusqu’à présent pas descendre en dessous de 30%. Les Etats-Unis auraient de leur côté accepté de limiter leurs subventions agricoles à 15 milliards de dollars par an, contre plus de 19 milliards l’an dernier.

Ces informations du Guardian ont été démenties de source officielle.

Le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, qui est chargé de trouver un consensus entre les pays membres, doit participer à la réunion de dimanche. A Saint-Pétersbourg, il a mis en garde contre “les risques considérables” d’un échec des négociations, qui “enverrait un signal fortement négatif sur l’avenir de l’économie mondiale et sur les risques de résurgence du protectionnisme (…) à un moment où l’instabilité géopolitique augmente”.

 23/07/2006 08:13:05 – © 2006 AFP