[23/07/2006 11:00:18] GENEVE (AFP) Six acteurs majeurs de l’OMC se sont retrouvés dimanche matin à Genève pour deux journées d’intenses tractations, qui seront suivies de deux autres, destinées à sauver cinq années de négociations sur un commerce mondial plus équitable. Les ministres chargés du Commerce de cinq pays (Australie, Brésil, Etats-Unis, Inde, Japon) et le commissaire européen Peter Mandelson ont entamé leurs discussions peu après 10H00 heure locale (08H00 GMT) à l’ambassade des Etats-Unis, a annoncé le porte-parole de la délégation américaine, Sean Spicer. Le groupe des Six (G6), dont l’accord est considéré comme un préalable indispensable à un compromis entre les 149 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), doivent discuter de façon quasi continue jusqu’à lundi après-midi avec le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy. M. Lamy a été chargé au début du mois par les pays membres d’une mission de bons offices avec le G6, après l’échec d’une session de négociations à Genève. Mais les participants ne s’attendaient pas à une percée pendant ces deux journées de discussions, qui doivent être suivies d’une autre session, vendredi et samedi prochains. “C’est une réunion discrète”, a observé le porte-parole de M. Mandelson, Peter Power. M. Power a précisé que les discussions devraient se terminer dans la soirée de dimanche et reprendre lundi à 09H00 pour durer jusqu’à 16H00 (07H00 à 14H00 GMT). Le sommet du G8 à Saint-Pétersbourg a demandé la semaine dernière aux pays membres de l’OMC d’oeuvrer “de toute urgence” à la conclusion du cycle de négociations de Doha, ouvert fin 2001 dans la capitale du Qatar. Ce cycle, qui aurait déjà dû s’achever fin 2004, bute sur un différend de longue date entre pays du Nord et du Sud à propos de l’agriculture. Il doit absolument être conclu avant la fin de cette année pour qu’il y ait une ratification par le Congrès américain. La détermination des participants du G8 “pourrait se traduire par la percée que nous recherchons depuis des mois”, a espéré mardi la représentante américaine pour le Commerce, Susan Schwab. “Nous devrions voir l’impact de l’engagement des dirigeants du G8 dès ce week-end”. Lors d’une réunion fin juin à Genève avec l’ensemble des pays membres de l’OMC, Mme Schwab s’était retrouvée isolée en refusant d’abaisser davantage les subventions agricoles américaines, accusées de pénaliser les agriculteurs des pays pauvres. Washington exige en échange une ouverture accrue des marchés des pays tiers à ses exportations. Les partenaires de Washington espèrent que la négociatrice américaine a pu depuis convaincre le Congrès de lui donner un peu plus de marge de manoeuvre pour négocier. Sur le fond, chacun se dit prêt à faire un pas, mais attend toujours des autres qu’ils bougent les premiers. Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson a ainsi répété mardi que l’UE envisagera d’accepter des baisses de ses droits agricoles moyens proches de celles proposées par le G20 (…) si les Etats-Unis font une offre significative sur les subventions agricoles, et deuxièmement si les économies émergentes acceptent des réductions de taxes douanières qui créent de véritables et nouvelles opportunités pour les entreprises.” Le groupe des pays émergents (G20) emmené par le Brésil et l’Inde réclame une baisse de 54% des droits de douane sur les importations agricoles et Bruxelles s’est dit prêt sous conditions à aller jusqu’à 51%. Jeudi, le quotidien britannique The Guardian a affirmé qu’en échange de cette concession, le Brésil et l’Inde se seraient dits prêts à Saint-Pétersbourg à accepter de ramener leurs droits de douane sur les produits industriels à 18% alors qu’ils ne veulent jusqu’à présent pas descendre en dessous de 30%. Les Etats-Unis auraient de leur côté accepté de limiter leurs subventions agricoles à 15 milliards de dollars par an, contre plus de 19 milliards l’an dernier. Ces informations du Guardian ont été démenties de source officielle. Le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, qui est chargé de trouver un consensus entre les pays membres, doit participer à la réunion de dimanche. A Saint-Pétersbourg, il a mis en garde contre “les risques considérables” d’un échec des négociations, qui “enverrait un signal fortement négatif sur l’avenir de l’économie mondiale et sur les risques de résurgence du protectionnisme (…) à un moment où l’instabilité géopolitique augmente”. |
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