La
mondialisation dérange et menace. Le constat est clair à la vue des
différentes marchandises étalées dans nos supermarchés et marchés
hebdomadaires. Avec toute la bonne volonté du monde, on ne pourra pas
concurrencer les prix des produits asiatiques, notamment chinois.
Côté qualité, on peine énormément avec les produits européens.
La recette qu’on nous a donnée pour contrer ce phénomène (qui menace bien
d’autres contrées que nous) se résume en un mot : travailler. Mais il
s’avère que c’est plus facile à dire qu’à faire pour les Méditerranéens que
nous sommes. Avec notre séance unique, nos aïds, nos ramadans, nos fêtes,
nos mariages, et autres circoncisions, etc., on ne voit vraiment pas comment
travailler. Au Nord de la Méditerranée, c’est la même rengaine avec les 35
heures, les vacances, les congés payés, les acquis syndicaux et sociaux.
Face à des Chinois ou Japonais pour qui le travail est la seule raison
d’exister, la concurrence est rude. Les affronter sur le terrain des prix
est une bataille perdue d’avance. Les affronter sur la qualité n’est qu’une
partie remise, ils sauront parfaire leurs produits. On les voit déjà venir
avec les marchandises de contrefaçon impeccablement imitées. Que faire alors
?
Je me suis creusé la tête (un après-midi de séance unique) et j’ai fini par
trouver la recette miracle –je crois- qui nous protègera à jamais de cette
concurrence à la limite de la déloyale.
Les Chinois travaillent ? Eh bien, on doit leur montrer les vertus du repos.
On doit leur expliquer que l’on travaille pour vivre et non pas qu’on vit
pour travailler. Parmi les vertus du repos, il y a les vacances et le
farniente. On peut bien leur exporter ça ! Il suffit qu’ils viennent passer
quelques jours sous le soleil au bord de la mer, et vous verrez qu’ils ne
vont plus pouvoir s’en passer l’année suivante. On peut leur faire essayer
la séance unique. Rentrer chez soi à 13 heures et être payé un salaire
entier la fin du mois, ça n’a pas d’égal comme sentiment ! Un congé annuel
de 30 jours pour souffler et ne plus entendre parler boulot et s’occuper
exclusivement de soi et des siens, c’est ça la vie !
Dans le même ordre d’idées, les Français pourront exporter les 35 heures.
Les Italiens pourront leur parler d’amour et leur montrer qu’un après-midi
avec une jeune fille (ou un jeune homme) apporte plus de bonheur qu’une
minute devant sa machine à l’usine. Et tant qu’on y est, il faut aussi leur
parler de grèves et de différentes tactiques syndicales pour ne plus laisser
le patron faire ce que bon lui semble. Il faut expliquer que la hiérarchie
(tant respectée en Asie) n’a pas à prendre le dessus des relations humaines
et des droits des travailleurs et des travailleuses.
C’est un travail médiatique de longue haleine qui doit être réalisé en
Chine, en Corée, en Taïwan, etc. pour viser la masse populaire à réagir
contre le travail massif et acharné. Vous verrez qu’après quelques mois (au
maximum deux ans) de campagne intensive en faveur de tous ces droits que
nous avons et qu’ils n’ont pas vont faire que les prix des produits
asiatiques vont se mettre à niveau de nos prix à nous. Ainsi, nos emplois
seront préservés et, surtout, nos acquis ne seront plus menacés par ces gens
qui travaillent jour et nuit !