[24/07/2006 16:16:29] WASHINGTON (AFP) Les Etats-Unis se sont retrouvés en position d’accusés après l’échec des négociations engagées au sein de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), même s’ils affirment avoir présenté l’offre la plus ambitieuse en matière de réduction des subventions agricoles. Le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a été prompt à leur faire porter le chapeau pour cet échec, et son homologue indien Kamal Nath lui a emboîté le pas. Mais Susan Schwab, la représentante américaine pour le commerce (USTR), ne l’entend pas de cette oreille. Elle a assuré que son pays était “prêt à faire davantage en matière de subventions internes”, mais que ses partenaires sont surtout préoccupés d’échapper à l’ouverture des marchés en protégeant les produits dits “sensibles”. L’administration républicaine est soutenue par l’opposition démocrate dont le chef de file sur ces questions, le sénateur Max Baucus, a affirmé lundi qu’il “devenait de plus en plus évident que nos partenaires commerciaux, surtout l’Union européenne et certains pays en développement, n’étaient pas prêts à offrir un accès suffisant à leurs marchés, surtout en ce qui concerne les exportations américaines de produits agricoles”. “Ces pays semblent croire que ces négociations sont à sens unique et s’attendent à ce que les Etats-Unis désarment unilatéralement tout en essayant de protéger leur marchés. C’est inacceptable”, a ajouté M. Baucus. La relance des négociations lancées en 2001 à Doha semble d’autant moins probable que les Etats-Unis font face à de difficiles échéances politiques. Les élections de mi-mandat de novembre seront suivies de l’expiration à la mi-2007 de la loi dite “Trade Promotion Authority” (TPA) puis des élections présidentielles en novembre 2008. La loi TPA donne à la Maison Blanche le pouvoir de négocier des accords commerciaux puis de les soumettre au Congrès pour approbation sans que les parlementaires aient le pouvoir de les amender. L’actuelle loi expire à la fin juin 2007 et l’administration républicaine risque d’hésiter à s’engager dans une bataille politique à l’issue incertaine. Le président George W. Bush s’était associé à l’initiative du récent sommet du G8 en Russie de fixer à la mi-août une date butoir pour trouver un accord dans le cadre des négociations OMC. Cette date semble maintenant remise au cause alors qu’aucun rendez-vous n’a été fixé pour la reprise des discussions après l’échec constaté lundi à Genève. Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland, souligne toutefois qu’un échec à l’OMC risque de placer George W. Bush dans une position difficile face aux grandes multinationales américaines qui le soutiennent. “Si le cycle de Doha échoue, la Chine, l’Inde et le Brésil n’auront pas grand-chose à gagner de nouvelles négociations avec les Etats-Unis et seront libres d’imposer des conditions onéreuses pour les multinationales. Or celles-ci ont besoin d’un accord qui apaise la Chine, l’Inde et d’autres pour maximiser leurs bénéfices réalisés dans ces pays”, estime-t-il. La solution pour les Etats-Unis est de s’engager encore davantage dans la voie des accords bilatéraux. Le dernier en date, avec Oman, a été adopté la semaine dernière par le Congrès, et près d’une dizaine ont été conclus depuis 2001. Des négociations sont en cours avec la Corée du sud, la Malaisie, Panama, la Thaïlande, les Emirats arabes unis et les 5 pays de l’Union douanière d’Afrique australe (Sacu). “Le système commercial multilatéral est toujours préférable à une mosaïque d’accords bilatéraux mais vu la situation actuelle, il n’y a pas beaucoup d’espoir” d’enregistrer une percée au niveau de l’OMC, souligne Charlotte Hebebrand, présidente du Conseil international pour les échanges alimentaires et agricoles (IPC) basé à Washington. |
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