[24/07/2006 16:39:35] PARIS (AFP) L’Union européenne, les Etats-Unis et les économies émergentes se sont mutuellement accusés lundi de l’échec des négociations à l’OMC, qui risque de relancer le chacun pour soi pour les accords commerciaux dans le monde. “C’est aussi près qu’on peut l’être d’une catastrophe”, a commenté à Genève le négociateur brésilien, le ministre des Affaires étrangères Celso Amorim, après l’annonce de la suspension des pourparlers visant à instaurer des échanges plus équitables dans le monde. Le Brésil, gros exportateur de produits agricoles, comptait beaucoup sur un accord autour de la baisse des droits de douane dans le monde pour conquérir de nouveaux marchés. L’amertume était identique du côté de l’Inde, autre grand pays émergent mais qui, contrairement au Brésil, a cherché à protéger ses millions de petits exploitants agricoles d’une concurrence internationale trop féroce. Le cycle de négociations de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar pour donner aux pays du Sud une part plus équitable du commerce mondial “n’est pas mort mais il est clairement entre les soins intensifs et le crématorium”, a dit le ministre du commerce Kamal Nath. Pour lui, la faute en revient principalement à Washington. “Il est très clair que les Européens ont bougé. Tout le monde a mis quelque chose sur la table à l’exception d’un pays”, les Etats-Unis, a dit M. Nath.
Un avis logiquement partagé par les pays européens, qui après avoir longtemps été désignés comme principaux responsables de l’impasse à l’OMC en raison de la protection de leur agriculture, ont été remplacés depuis peu dans ce rôle par les Etats-Unis. “Les Etats-Unis ont été incapables ou n’ont pas voulu montrer la moindre souplesse sur la question des subventions agricoles”, a regretté le négociateur européen, le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson. La Finlande, qui assure la présidence tournante de l’UE, a prévenu que “ni les pays industrialisés, ni les pays en développement ne gagnent” à cet échec, tandis que la France a jugé que les pays pauvres, les producteurs de coton en Afrique notamment, seront les grands perdants. Pour les Etats-Unis en revanche, la responsabilité de l’impasse est à chercher chez ses partenaires, qui ont cherché à protéger toute une série de produits agricoles sensibles de la baisse des droits de douane agricoles. “Un certain nombre de pays développés et de pays émergents cherchaient les moyens d’éviter de faire une contribution ambitieuse”, a regretté la représentante au Commerce Susan Schwab. L’ONG britannique Christian Aid a pour sa part renvoyé tout le monde dos à dos en estimant que l’impasse des négociations est le fruit de “l’intransigeance égoïste” des Etats-Unis et de l’Europe, dont les dirigeants devraient “avoir honte”. L’impasse actuelle, en portant un coup au multilatéralisme qui est la raison d’être de l’OMC, risque en tout cas de provoquer une recrudescence des accords bilatéraux de libre-échange. Déjà, face au sur-place, les Etats-Unis surtout en Amérique centrale et du Sud, mais aussi le Japon et l’Europe, cherchent à multiplier les alliances bilatérales ou régionales. La présidence finlandaise de l’UE a lancé une mise en garde contre cette tendance. “L’OMC reste la pierre angulaire du commerce international (…) les négociations multilatérales sont le seul moyen de protéger les intérêts de partenaires de négociations plus faibles”, a-t-elle dit. |
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