L’OMC contrainte de suspendre ses négociations sur un échec

 
 
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Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce Pascal Lamy, le 24 juillet 2006 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

[24/07/2006 18:07:49] GENEVE (AFP) Les pays membres de l’OMC ont suspendu sine die leurs efforts pour instaurer un meilleur ordre commercial mondial après l’échec lundi à Genève des discussions entre six grandes puissances.

Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce Pascal Lamy a déclaré à la presse avoir recommandé aux 149 pays membres de “suspendre les négociations sur l’ensemble du cycle (de Doha), afin de permettre aux participants d’engager une réflexion sérieuse qui est clairement nécessaire”.

Interrogé sur la date d’une éventuelle reprise des négociations du cycle de Doha, entamées en 2001, il s’est borné à répondre: “le temps sera venu seulement quand les pays membres seront prêts à jouer le jeu”.

“Il est clair que la balle est maintenant dans leur camp”, a-t-il ajouté.

Il s’exprimait après l’échec de discussions de la dernière chance entamées dimanche entre six grands acteurs de l’OMC (G6 : Australie, Brésil, Etats-Unis, Inde, Japon, UE).

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Le commissaire européen Peter Mandelson, lors d’une conférence de presse au siège de l’OMC, le 24 juillet à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

“C’est un revers majeur”, a estimé le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, dont le pays était l’un des grands gagnants potentiels d’un nouvel accord commercial multilatéral. “C’est aussi près qu’on puisse l’être d’une catastrophe”.

Pour le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, les négociations sont “entre les soins intensifs et le crematorium”.

L’annonce de la fin des discussions a été rapidement suivie d’échanges acerbes entre ministres par conférences de presse interposées.

Le commissaire européen Peter Mandelson a rendu les Etats-Unis responsables de l’échec en refusant de réduire davantage leurs subventions agricoles, accusées de faire peser une concurrence déloyale sur les exportations des pays pauvres.

“Les Etats-Unis ont été incapables, ou n’ont pas voulu montrer la moindre souplesse sur la question des subventions agricoles”, a-t-il dénoncé, rappelant que les Américains exigeaient en échange une baisse des droits de douane que leurs partenaires appliquent à leurs importations agricoles.

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Le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim devant le siège de l’OMC, le 24 juillet 2006 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

Washington a “jugé préférable de suspendre les négociations commerciales à ce stade”, un geste que “l’Union européenne regrette profondément”, selon le commissaire.

La représentante américaine pour le Commerce, Susan Schwab, a accusé de son côté ses partenaires de refuser d’ouvrir leurs marchés.

Mme Schwab a assuré que son pays aurait été “prêt à faire davantage en matière de subventions internes” mais que ses partenaires se sont avant tout préoccupés dimanche de discuter des moyens d’échapper à l’ouverture des marchés en protégeant les produits dits “sensibles”.

Les négociations devaient absolument aboutir avant la fin de l’année afin qu’un éventuel accord puisse être ratifié par le Congrès américain. Les pouvoirs spéciaux de négociation de l’administration américaine expirent en effet l’an prochain, permettant au Congrès de détricoter un éventuel accord point par point au lieu de l’approuver ou de le rejeter en bloc.

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Le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, le 17 juillet 2006 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

Un accord à la fin juillet sur une baisse chiffrée des subventions et des droits de douane était considéré comme un préalable indispensable.

Cet échec est une mauvaise nouvelle pour les pays en développement, à qui les pays riches avaient promis en 2001 d’instaurer un nouvel ordre commercial plus équitable.

L’accord en discussion comportait plusieurs avancées réclamées de longue date par les pays pauvres, comme l’élimination des subventions aux exportations agricoles à l’horizon de 2013, et un “paquet” de mesures en faveur des pays les moins avancés (PMA), dont 97% des produits devaient pouvoir entrer sans droits de douane sur les marchés des pays développés.

Peter Mandelson, a proposé lundi que ce “paquet PMA” soit séparé du reste de la négociation et entre immédiatement en vigueur.

 24/07/2006 18:07:49 – © 2006 AFP