[25/07/2006 06:19:56] GENEVE (AFP) L’échec des négociations à l’OMC sonne comme une défaite pour les pays en développement, à qui les pays riches avaient promis en 2001 un nouvel ordre commercial mondial plus équitable. Lundi, les pays membres de l’OMC ont suspendu sine die leurs efforts pour instaurer un meilleur ordre commercial mondial. Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce Pascal Lamy a déclaré à la presse avoir recommandé aux 149 pays membres de “suspendre les négociations sur l’ensemble du cycle (de Doha), afin de permettre aux participants d’engager une réflexion sérieuse qui est clairement nécessaire”. L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont estimé mardi que les pays en développement porteront le plus lourd tribut à l’échec des négociations menées dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) visant à instaurer un meilleur ordre commercial mondial. “Le système multilatéral (des discussions) est le seul espoir qu’ont les pays en développement d’obtenir un accès plus important aux marchés des pays développés”, a déclaré sur une radio nationale le ministre australien du Commerce, Mark Vaile. Lancé en novembre 2001 dans la capitale du Qatar, le “cycle de Doha” devait mettre la libéralisation des échanges au service du développement. Deux mois après les attentats du 11 septembre, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entendait ainsi s’attaquer à la pauvreté, reconnue comme une source de tension internationale. Mais très vite, les intérêts nationaux ont repris le dessus et les négociateurs ont laissé passer toutes les échéances prévues pour un accord. Le cycle, qui aurait dû s’achever à la fin de 2004, a vu son échéance reportée au plus tard à la fin de 2006, mais l’échec des dernières discussions de Genève risque de repousser pour longtemps tout espoir de compromis.
L’agriculture est au coeur du débat, et plus particulièrement les dizaines de milliards de dollars de subventions que les pays riches versent à leurs agriculteurs, pénalisant au passage les paysans des pays pauvres. L’Union européenne et l’Inde ont accusé lundi les Etats-Unis d’avoir refusé toute nouvelle concession dans ce domaine, alors que selon eux la dernière offre de Washington aurait permis à ce pays d’augmenter encore ses subventions par rapport à leur niveau actuel. Une interprétation rejetée par Washington, qui exige que l’ensemble des participants réduisent leurs droits de douane. Selon les Américains, l’ouverture des marchés est plus à même de dynamiser l’économie mondiale et de faire reculer la pauvreté. Les Etats-Unis font valoir que l’UE est la première pourvoyeuse mondiale de subventions et que ses droits de douane freinent l’entrée des produits des pays pauvres. Les associations de défense des pays du Sud renvoient dos-à-dos les deux mastodontes du commerce mondial. L’échec des négociations est le fruit de “l’intransigeance égoïste” des Etats-Unis et de l’Europe et une “issue scandaleuse” dont leurs dirigeants devraient “avoir honte”, a dénoncé l’ONG britannique Christian Aid. La suspension des négociations risque d’être définitive si les pays riches, soumis à la pression de leur secteur agricole, ne modifient pas leur politique, a observé l’association Oxfam. “On peut leur donner quatre mois de plus, quatre ans de plus ou quatre siècles de plus, mais à moins que l’Union européenne et les Etats-Unis n’améliorent radicalement leur propositions, ces négociations ne serviront en rien le développement”, a observé Céline Charvériat, porte-parole d’Oxfam à Genève. Les ONG déplorent que les règles du commerce mondial, édictées par les pays du Nord, interdisent de subventionner les produits industriels, mais autorisent de le faire pour les produits agricoles. D’où le refus des pays en développement d’abaisser leurs droits de douane sur les produits industriels, comme le leur réclamaient les pays riches au titre de monnaie d’échange. L’accord en discussion comportait plusieurs avancées réclamées de longue date par les pays pauvres, comme l’élimination des subventions aux exportations agricoles à l’horizon de 2013, et un “paquet” de mesures en faveur des pays les moins avancés (PMA), dont 97% des produits devaient pouvoir entrer sans droits de douane sur les marchés des pays développés. Le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a proposé lundi que ce “paquet PMA” soit séparé du reste de la négociation et entre immédiatement en vigueur. |
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