[25/07/2006 08:46:42] TAANAYEL (AFP) Les centaines d’usines, de commerces et d’infrastructures touchés, sinon détruits, par les bombardements israéliens au Liban depuis le 12 juillet ont laissé un nombre incalculable de patrons et d’employés démunis. L’usine de préfabriqués et de métaux Toufic Dalal de Taanayel, dans la vallée de la Békaa, à quelque 65 km à l’est de Beyrouth, a laissé 300 employés à la rue. Touchée par deux missiles dimanche, il n’en reste plus que des structures de métal tordues tandis qu’une dizaine de maisons alentours ont été partiellement détruites et trois petits commerces soufflés par les explosions. “Dites-le au gouvernement que nous n’avons plus rien pour vivre”, crie Najah Hammoud, propriétaire d’une épicerie réduite en ruines. Pour Toufic Dalal, le directeur de cette entreprise familiale florissante qui exportait un peu partout dans le monde, c’est une “vraie catastrophe”. “Voici 20 millions de dollars de partis en fumée et entre 4 et 7 millions de revenus annuels disparus”, s’insurge-t-il. “Je suis sous le choc et je ne sais pas quoi faire”, dit ce chef d’entreprise. Reconstruire et recommencer ou fermer pour toujours ? Cela dépendra des dommages ou de l’aide que l’Etat sera prêt à nous verser, souligne-t-il. Tout autour de cette entreprise, ce sont des dizaines d’usines et ateliers qui ont été touchés dans la Békaa, région frontalière de la Syrie, et ailleurs au Liban. Sans compter les ponts, les routes et les camions détruits par les raids qui ont conduit à une rupture des approvisionnements de matières premières pour ceux restés debout. D’ailleurs nombre d’entreprises restent fermées, faute aussi de commandes et de personnels dont des centaines ont préféré fuir. “Dans cette situation de crise, nous risquons de ne pas payer les mois prochains l’intégralité de leurs salaires à nos employés”, a indiqué un chef d’entreprise sous couvert de l’anonymat. Pour le vice-président de l’Association des Industriels du Liban, Charles Arbid, “ce sont 75% des industries qui ne fonctionnent plus” à l’heure actuelle. Le secteur industriel, a-t-il expliqué, emploie environ 125.000 personnes et “l’essentiel est aujourd’hui en panne”. Les raids israéliens pour lui semblent avoir obéi à une certaine logique. “Ce qui est bizarre, c’est que les bombardements ont atteint toute la chaîne de production”, a-t-il dit. “Depuis la fabrication du produit jusqu’aux fournisseurs”. Et dans cette situation de pénurie, “l’augmentation du prix des denrées au détail est surtout due au coût des transports, devenus très dangereux par camions, et du fuel”, a ajouté M. Arbid. En attendant la fin des hostilités, M. Arbid a annoncé que son association avait “monté un bureau de soutien” aux entreprises touchées. “Nous voulons que les industries recommencent à fonctionner d’une façon ou d’une autre”, en mettant l’accent sur les priorités: les pharmaceutiques, l’agro-alimentaire et le packaging”, a-t-il poursuivi. Le plus difficile à évaluer, selon lui, “ce sont ces dizaines de petits ateliers de la banlieue sud de Beyrouth qui sont sous les gravats”. Le ministre libanais des Finances Jihad Azour, a reconnu la semaine dernière qu’il y en avait pour “plusieurs milliards de dollars de dégâts”. Le secteur industriel avait déjà beaucoup souffert pendant la guerre du Liban, de 1975 à 1990, mais il s’était adapté à la situation instable au fil des années en ne fonctionnant pas à pleine capacité. Aujourd’hui, “tout s’est écroulé en une semaine”, s’exclame M. Arbid qui dit vouloir “d’urgence un plan Marshall pour l’industrie”. |
||
|