Fusion GDF/Suez : cacophonie à l’UMP autour d’un “scénario alternatif”

 
 
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Le PDG de Suez, Gérard Mestrallet (C) discute avec le président UMP de la commission des Affaires économiques, Patrick Ollier (G) et le porte-parole de la commission, Jean-Claude Lenoir, le 19 juillet 2006 à l’Assemblée nationale à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[26/07/2006 16:42:42] PARIS (AFP) La présentation d’un scénario alternatif à la fusion GDF/Suez a déclenché mercredi une véritable cacophonie parmi les députés UMP, révélant une nouvelle fois les difficultés à réunir une majorité sur ce projet.

Soucieux de rassembler des élus très divisés, Jean-Claude Lenoir (UMP), rapporteur du projet de loi, a proposé que GDF reste public en conservant ses activités “de transport, de distribution et de stockage”, tandis que les activités du secteur concurrentiel comme les contrats d’approvisionnement seraient “filialisées” en vue d’une fusion avec celles de Suez.

Cette “solution alternative”, révélée mardi soir, a aussitôt déclenché des réactions contradictoires.

Les villepinistes ont jugé “meilleure” la version gouvernementale et se sont montrés très perplexes sur la possibilité de concrétiser le scénario Lenoir, tandis que certains députés, jusqu’ici réticents au projet gouvernemental, jugeaient cette proposition “intéressante”.

Bien que divisés depuis le début sur ce dossier, les syndicats de l’Energie ont unanimement dénoncé ce schéma, redoutant qu’il aboutisse à un “démantèlement” du groupe gazier.

L’intervention de M. Lenoir mercredi devant les députés UMP, réunis exceptionnellement pour l’occasion, juste avant une réunion de la commission des Affaires économiques sur le même sujet, a donné lieu à une guerre des mots.

Après la réunion UMP, à laquelle aucun ministre n’a participé, le président du groupe Bernard Accoyer a affirmé qu’une “très grande majorité des députés UMP” soutenait le projet du gouvernement, ainsi que le président de l’UMP Nicolas Sarkozy. Et de citer M. Lenoir: “Il n’y a pas de plan B ficelé opposable au projet du gouvernement”.

Si le rapporteur reconnaît que le “projet du gouvernement est plus abouti” que le sien, il n’en a pas moins réaffirmé sa volonté de continuer à l’explorer “en accord avec Bercy”.

“Je suis un libéral, a-t-il précisé, mais pour autant je préfère que les infrastructures stratégiques restent dans la sphère publique”, a-t-il dit.

Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, on a tenu à préciser que le président de l’UMP était “favorable au projet industriel” de fusion de GDF-Suez tout en jugeant “légitime que le Parlement cherche la meilleure solution possible en étudiant toutes les modalités”.

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Le Premier ministre Dominique de Villepin, le 3 juillet 2006 à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

Pour cette dernière réunion avant la trêve estivale, le ton n’est jamais monté, chacun ayant à coeur de se montrer ouvert aux autres propositions. “Toutes les bonnes idées doivent être explorées”, a commenté le Premier ministre Dominique de Villepin, en invitant gouvernement et majorité à “parvenir au meilleur projet possible, dans un esprit de très grande ouverture”.

Pour autant, ni la solution du gouvernement, ni celle de M. Lenoir ne suscitent une adhésion franche et du coup, les interrogations sur le vote restent entières.

Certains, comme Jean-Pierre Grand (villepiniste), estiment que “grâce au temps laissé à la concertation, les députés UMP paraissent majoritairement acquis au texte”. Mais pour un élu sarkozyste, “la majorité est loin d’être acquise”.

A gauche, on ricane. Pour Jean-Marc Ayrault (PS) et Alain Bocquet (PCF), ce nouveau rebondissement apporte la “preuve” que le gouvernement “cherche une porte de sortie”.

Et on fourbit ses armes pour le débat à l’Assemblée à compter du 7 septembre. Les députés PS ont déjà déposé 30.000 amendements et ceux du PCF ont lancé une pétition nationale.

 26/07/2006 16:42:42 – © 2006 AFP