[26/07/2006 14:24:12] FRANCFORT (AFP) Après des mois d’euphorie, les chefs d’entreprise allemands sont revenus sur terre en juillet, comme le montre le recul plus marqué que prévu du baromètre de confiance Ifo publié mercredi, qui traduit leurs inquiétudes pour l’avenir de l’économie du pays. Cet indice, jugé fiable pour évaluer l’évolution de la première économie de la zone euro, est tombé à 105,6 points, renouant avec son niveau de mai. Les analystes misaient dans leur consensus sur 106,0 points. En juin, il avait atteint 106,8 points, un sommet depuis février 1991. Depuis de longs mois, les économistes s’échinent à prévoir une baisse de ce baromètre, mais leurs attentes ont presque à chaque fois été contrariées. Cette fois, ça y est: le repli “a eu lieu en juillet. Un retournement de la tendance dans le climat des affaires est probable”, prédit Ralph Solveen, analyste de la Commerzbank. Gebhard Flaig, directeur de l’institut Ifo, souligne le niveau toujours élevé de l’indice. “La conjoncture économique reste orientée à la hausse”, juge-t-il dans un communiqué. Le conservateur Michael Glos, ministre de l’Economie, demeure lui aussi confiant: “Les indicateurs et les données économiques montrent que notre reprise est robuste”. Mais les nuages s’amoncellent, préviennent les économistes. Ils citent l’escalade du conflit au Proche-Orient, la flambée des prix du pétrole qu’il provoque et le ralentissement en vue de l’économie américaine qui, conjugué à la force de l’euro face au dollar, devrait freiner les exportations, moteur de la croissance allemande.
La hausse des taux d’intérêt en cours dans la zone euro, avec un nouveau tour de vis d’un quart de point anticipé dès la semaine prochaine, et les hausses d’impôts, en particulier de la Taxe sur la valeur ajoutée début 2007, qui grimpera de trois points à 19%, vont de surcroît écorner davantage une consommation privée déjà chroniquement faible dans le pays. A cela s’ajoute un contexte politique moins porteur, souligne Alexandre Bourgeois, analyste chez Natexis Banques Populaires. “Angela Merkel et sa grande coalition commencent à voir leurs étoiles pâlir”, constate-t-il en référence aux vives critiques contre un projet de réforme du système de santé qui prévoit une hausse des cotisations salariales et patronales de 0,5% l’an prochain. La méfiance des chef d’entreprises se reflète clairement dans la composante mesurant leurs attentes à six mois, qui a décroché de 1,6 point à 102,6 points. Le recul de l’Ifo était largement anticipé après la chute annoncée il y a une semaine d’un autre indice de confiance dans le pays, le ZEW, qui mesure les attentes des experts financiers. Dans la zone euro, les industriels belges et italiens ont eux aussi accusé un coup de déprime en juillet selon des données nationales publiées ces derniers jours, tandis que le moral était meilleur en France et aux Pays-Bas. Les indices de confiance dans la zone euro restent globalement à des niveaux élevés: ils reflètent une reprise économique en cours, et donnent à la Banque centrale européenne (BCE) une justification pour poursuivre ses hausses de taux directeurs, estiment les analystes. “Cependant, il y a de plus en plus de preuves, appuyées par l’Ifo de ce jour et d’autres indicateurs, allant dans le sens d’un tournant dans le cycle industriel de la zone euro”, avertit Edward Teather, analyste chez UBS. Si les indices mesurant l’activité industrielle continuaient à glisser, alors les perspectives de croissance pour 2007 pourraient être révisées, de quoi appeler la BCE à la prudence, ajoute-t-il. Pour de nombreux économistes, le principal taux directeur de la zone euro, actuellement à 2,75%, devrait grimper jusqu’à 3,50% fin 2006, puis stationner à ce niveau pendant de nombreux mois. |
||||
|