[26/07/2006 17:21:28] NEW YORK (AFP) Le géant aéronautique américain Boeing a annoncé mercredi sa première perte trimestrielle en trois ans, liée à des retards d’exécution d’un programme de défense, qui ne lui permet pas de profiter des déboires d’Airbus autant que souhaité. Boeing avait prévenu fin juin qu’il provisionnerait au deuxième trimestre plus de 1 milliard de dollars, ce qui plongerait de fait ses comptes dans le rouge. Cela n’a visiblement pas empêché un mauvais accueil des résultats mercredi à Wall Street. Vers 16H45 GMT, l’action Boeing cédait 3,94% à 80,45 dollars, plombant l’indice Dow Jones (-0,09%) dont elle est un des trente composants. Boeing a fait état d’une perte nette de 160 millions de dollars, contre un bénéfice net de 566 millions au deuxième trimestre 2005. Il s’agit de la première perte trimestrielle depuis celle enregistrée au printemps 2003, à l’époque où Boeing se débattait dans de sérieux problèmes à la fois dans ses branches d’aviation civile et spatiale. Depuis, trimestre après trimestre, Boeing prouve qu’il s’est redressé dans l’aviation civile, mais la contre-performance dévoilée mercredi s’explique par “des problèmes d’exécution” dans la branche Défense, a souligné la banque JP Morgan. Les deux provisions qui ont grevé le résultat net de 1,07 milliard de dollars concernent le règlement du scandale du recrutement de Darleen Druyun (remontant à 2002-2003) mais aussi des retards dans le développement d’un système de radars pour des avions militaires commandés par la Turquie et l’Australie. Ces retards ont entraîné une perte d’exploitation de 5 millions de dollars dans la subdivision dite des “Systèmes de mobilité” contre un bénéfice de 443 millions il y a un an. En ajoutant les difficultés liées au programme de lanceur spatial Delta IV, il en a résulté une chute de 62% du résultat d’exploitation dans la Défense, “une performance décevante”, a ajouté Joseph Nadol, de JP Morgan.
“Les résultats et les perspectives sont moins impressionnants que ceux annoncés hier (mardi) par Lockheed Martin”, principal rival de Boeing dans la défense, a remarqué de son côté Cai von Rumohr, de Cowen and Company. Dans l’autre grande division, celles des avions commerciaux, le bénéfice d’exploitation a en revanche bondi de 51% au deuxième trimestre. Le groupe a réaffirmé qu’il comptait livrer “environ 395” appareils commerciaux (ou civils) cette année, soit 36% de plus qu’en 2005. Les livraisons se sont élevées à 195 au premier semestre. Pour 2007, la prévision est de 440 à 445 livraisons, a ajouté Boeing. Selon le site internet du groupe, le groupe avait enregistré 510 commandes d’avions civils pour l’année, selon des chiffres arrêtés au 18 juillet. Fin juin, l’américain affichait 445 commandes contre 142 pour Airbus, selon les calculs de l’AFP. Airbus a dû tout récemment présenter une version modifiée de son A350 après avoir essuyé des critiques de ses clients, alors que l’appareil de Boeing qu’il veut concurrencer –le 787 prévu pour 2008– continue de nourrir l’optimisme du côté de Chicago. Sur la rivalité croissante avec Airbus, les avis sont partagés aux Etats-Unis. “Boeing regagne les parts de marché cédées ces dernières années à Airbus. Si la tendance actuelle se confirme (l’américain) devrait décrocher cette année plus de commandes pour la première fois en cinq ans”, a indiqué Roman Szuper, de Standard and Poor’s. La perte trimestrielle de Boeing est “atypique” et ne remet pas en cause la vigueur actuelle du coeur d’activité, selon lui. Boeing va certes bien mieux, mais tout risque n’est pas écarté, indique pour sa part Byron Callan, de Prudential Securities, soulignant que l’A350 pourrait refaire son retard sur le 787 dans les mois prochains. |
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