[27/07/2006 15:45:11] MOSCOU (AFP) La Russie, qui annoncé jeudi la vente de 24 avions de chasse Soukhoï au Venezuela, est remontée aux premiers rangs des exportateurs d’armes, quinze ans après la chute de l’URSS, et effectue une entrée remarquée sur le marché latino-américain. Selon le rapport 2006 du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), elle se classe même au premier rang des exportateurs d’armes sur la période 2001-2005, avec environ 30% du marché, au même niveau que les Etats-Unis. Suivent, loin derrière, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Si elle a une légère avance en terme de volumes d’armes exportées, la Russie arrive toutefois derrière les Etats-Unis en terme de montant des contrats, “d’argent réel”, souligne Pavel Felgenhauer, expert russe des questions de défense. Elle a vendu en 2005 des armements à 61 pays pour la somme record (depuis la chute de l’URSS en 1991) de plus de 6 milliards de dollars, avec parmi ses principaux clients la Chine et l’Inde, selon les chiffres officiels russes. “Mais la Russie est encore loin d’être revenue à ses niveaux d’exportations de l’époque soviétique, qui étaient dix fois plus importants”, relativise M. Felgenhauer, interrogé par l’AFP. Avec les contrats (avions de chasse, hélicoptères, etc.) annoncés jeudi entre Moscou et Caracas, elle affiche toutefois ses ambitions et son potentiel sur le marché international. D’autant plus que ces contrats s’ajoutent à d’autres accords juteux signés en 2006, notamment avec l’Algérie, à laquelle la Russie a vendu au début de l’année pour 7,5 milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) d’armements. Selon l’agence russe d’exportation d’armes, Rosoboronexport, les contrats conclus par Caracas et Moscou ont dépassé les 3 milliards de dollars (depuis un an et demi), soit trois fois plus qu’annoncé initialement. Les ventes d’armes russes à des régimes controversés comme l’Iran, la Syrie ou le Venezuela, ce dernier étant ouvertement anti-américain, valent des mises en garde à Moscou, notamment de Washington. “Avec près de trente chasseurs Su-30, le Venezuela devient objectivement la première puissance (militaire) d’Amérique du Sud”, assure Alexandre Golts, spécialiste en armements, dans le journal Novaïa Gazeta de jeudi.
“Cela ne peut pas échapper à Moscou. La livraison d’armes à des régimes instables est, semble-t-il, vue comme un moyen efficace de faire pression sur l’Occident, qui énerve de plus en plus le président Vladimir Poutine”, ajoute M. Golts, évoquant des ventes d’armes à caractère politique. “Ce jeu est extrêmement risqué”, souligne-t-il, rappelant que deux semaines plus tôt, la Russie accueillait le sommet du G8 à Saint-Pétersbourg. M. Felgenhauer souligne le caractère inédit des contrats avec Caracas, qui marquent une entrée en force de la Russie sur le marché sud-américain, tenu jusqu’ici essentiellement par Washington. “Les Russes livraient déjà de l’armement en Amérique du Sud, mais en petite quantité, notamment au Chili et au Pérou, traditionnel acheteur de l’époque soviétique. Mais cette livraison est la plus grosse”, souligne M. Felgenhauer. D’autant plus qu’est négociée l’installation d’usines de production de Kalachnikov au Venezuela, qui pourraient servir de tremplin pour la vente des célèbres fusils d’assaut à d’autres pays d’Amérique du Sud. |
||||
|