Energie : feu vert sous sévères conditions à l’OPA d’E.ON sur Endesa

 
 
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Le président du numéro un allemand de l’énergie E.ON, Wulf Bernotat, le 21 février 2006 à Düsseldorf (Photo : Pedro Armestre)

[28/07/2006 10:20:14] MADRID (AFP) Le régulateur espagnol de l’énergie (CNE) a donné son feu vert à l’OPA de 29,1 milliards d’euros du géant énergétique allemand E.ON sur le 1er groupe d’électricité espagnol Endesa, mais en lui imposant d’importantes cessions d’actifs jugées “sans fondement” par E.ON.

Invoquant la défense des intérêts énergétiques stratégiques de l’Espagne, la Commission nationale de l’énergie (CNE) a notamment imposé à E.ON de céder la gestion des actifs nucléaires d’Endesa, selon un communiqué remis vendredi à l’autorité boursière espagnole (CNMV).

Les conditions juridiquement contraignantes posées par le régulateur espagnol obligent E.ON à se séparer d’environ un tiers de la capacité installée d’Endesa en Espagne, soit plus de 7.000 mégawatts correspondant selon le quotidien El Pais à 40% des actifs du groupe espagnol dans le pays.

Le groupe allemand a immédiatement réagi dans un communiqué publié à Berlin en jugeant ces conditions “sans fondement”, tout en soulignant la “grande importance” que conserve pour lui cette transaction.

Invoquant “les risques majeurs pour la sécurité publique que représentent les actifs nucléaires”, la CNE exige du groupe allemand qu’il vende la centrale nucléaire Asco 1, détenue à 100% par Endesa et cède à des partenaires espagnols la gestion des autres centrales nucléaires sous son contrôle partiel.

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Chiffre d’affaires, bénéfices et effectifs d’E.ON et Endesa

Le régulateur espagnol lui impose également de céder des centrales thermiques utilisant du charbon produit en Espagne et de respecter le plan d’investissement du groupe en matière d’infrastructures de transport de gaz notamment.

E.ON “devra garantir l’approvisionnement en gaz naturel du marché espagnol, au moins à hauteur de la quantité annuelle de gaz prévue dans les plans d’approvisionnement” d’Endesa, souligne-t-il.

Le régulateur espagnol stipule encore qu’Endesa devrait rester juridiquement la maison-mère de son groupe pendant les 10 ans suivant la prise effective de contrôle d’E.ON.

Pendant ces 10 ans, la CNE se réserve le droit de revenir sur sa décision si une société prend “directement ou indirectement le contrôle de plus de 50% du capital d’E.ON”, en invoquant “l’intérêt général du secteur énergétique”.

La CNE n’a en revanche par retenu une proposition de son rapporteur Jorge Fabra, qui suggérait d’imposer à E.ON de vendre sa filiale gazière Rurhgas, une condition rédhibitoire pour le groupe allemand.

Le régulateur espagnol évite ainsi de heurter de front la Commission européenne, qui a dénoncé l’attitude protectionniste du gouvernement espagnol dans l’âpre bataille pour le contrôle d’Endesa.

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Le directeur général d’Endesa Rafael Miranda, à Madrid le 3 octobre 2005 (Photo : Philippe Desmazes)

La CNE a en effet pris sa décision en vertu d’un décret-loi étendant ses pouvoirs et adopté par le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero juste après l’annonce de l’OPA d’E.ON.

Ce décret-loi avait été perçu par Bruxelles comme une manoeuvre protectionniste de Madrid, qui soutenait activement une OPA préalable de 22,5 milliards d’euros du groupe gazier catalan Gas Natural sur Endesa, dans le souci de voir émerger un champion national de dimension internationale.

Le gouvernement Zapatero s’est toujours défendu de seulement défendre les intérêts stratégiques de l’Espagne, faute de politique énergétique européenne commune.

Quelle que soit la future réponse d’E.ON, tout le processus est actuellement gelé, la justice espagnole ayant suspendu l’OPA de Gas Natural à la demande d’Endesa, qui s’y oppose fermement depuis des mois et se montre favorable à celle d’E.ON.

En cas de réponse positive d’E.ON, Endesa pourrait demander à la justice d’abandonner l’examen de ses recours contre l’OPA de Gas Natural, pour lesquels elle a dû verser un milliard d’euros de caution, selon des analystes.

L’action d’Endesa, brièvement suspendue vendredi matin à la Bourse de Madrid gagnait à 09H24 GMT 1,95% à 26,73 euros, un prix supérieur l’offre de 25,4 euros par action proposé par E.ON.

 28/07/2006 10:20:14 – © 2006 AFP