Michelin, plombé par les matières premières, devient moins confiant sur 2006

 
 
SGE.UTE55.280706115429.photo00.quicklook.default-245x153.jpg
Le directeur financier de Michelin, Jean-Dominique Senard, lors de la présentation des résultats du groupe le 28 juillet 2006 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[28/07/2006 11:54:47] PARIS (AFP) Michelin, dont les comptes semestriels ont chuté plus que prévu à cause de la cherté des matières premières et du recul du marché nord-américain, est plus pessimiste pour 2006, avec des ambitions revues en baisse et une accentuation de ses économies, mais reste confiant pour 2010.

Le numéro un mondial du pneumatiques, qui n’est pas parvenu cette fois à effacer l’impact de la flambée des prix des matières premières par les augmentations de ses tarifs, a accusé un recul de ses bénéfices semestriels de près de 30%, supérieur aux attentes du marché.

Son bénéfice net a baissé de 29% à 276,1 millions d’euros, principalement sous l’effet de charges de restructurations pour la fermeture de l’usine canadienne BFGoodrich de Kitchener. Et son bénéfice opérationnel a diminué de 29,4% à 485,2 millions, en raison principalement de l’augmentation massive du coût des matières premières. L’activité poids lourds en particulier a souffert du renchérissement du caoutchouc naturel.

Du coup, la marge opérationnelle a chuté de 3,2 points à 6% du chiffre d’affaires.

Le chiffre d’affaires a progressé de 7,1% à 8,023 milliards d’euros, sachant que les ventes en volume ont légèrement augmenté de 0,9%, aidées par la croissance soutenue des marchés émergents comme la Chine, mais pénalisées par la faiblesse des marchés nord-américains.

Le net recul en Amérique du nord est “très lié à la hausse des coûts de l’énergie”, a déclaré le directeur financier Jean-Dominique Senard devant la presse. “Pour la première fois depuis la deuxième crise pétrolière, le nombre de miles parcourus par véhicule est resté stable aux Etats-Unis lors du semestre”, a-t-il souligné.

“Le groupe a fait face à des vents contraires, à commencer par un bond de 86% du coût en dollars des matières premières depuis 2003, mais a été capable de réagir et a réalisé des performances satisfaisantes”, a cependant estimé M. Senard lors de la présentation des premiers résultats depuis la mort d’Edouard Michelin fin mai.

Comme la fin de l’année s’annonce dans la même veine que le début, tant sur l’évolution des marchés que sur la hausse persistante des coûts des matières premières et de l’énergie, Michelin a décidé de revoir en baisse sa prévision de rentabilité pour 2006 et d’imiter ainsi Bridgestone et Goodyear.

Il table désormais sur une marge “proche de 8%”, soit un recul comparé à 2005, alors qu’il espérait jusqu’alors qu’elle reste stable à 8,8%.

“Depuis deux ans et demi, les hausses répétées du prix des matières premières ont aggravé les coûts de Michelin de plus d’un milliard d’euros. La difficulté à totalement compenser cette évolution rend d’autant plus indispensable l’accélération des programmes d’amélioration de la productivité et de réduction des coûts déjà initiés”, a commenté dans un communiqué Michel Rollier, désormais seul gérant.

Le groupe est ainsi engagé dans une réduction de ses capacités de production en Amérique du nord, avec la fermeture en juillet de l’usine BFGoodrich et la baisse d’environ 40% de l’activité ainsi que des effectifs de l’usine BFGoodrich d’Opelika aux Etats-Unis d’ici fin 2006.

Parallèlement, le manufacturier compte continuer à “tout faire pour répercuter aux clients cette hausse tout à fait anormale des matières premières”, a martelé M. Senard.

Michelin se veut cependant toujours confiant dans sa capacité à atteindre une rentabilité de 10% en 2010, un objectif “toujours d’actualité, même s’il est ambitieux”.

De quoi susciter la surprise d’un courtier parisien, qui s’interrogeait sur “le crédit à apporter à ces objectifs de moyen/long termes alors que Michelin n’est pas capable de tenir ses objectifs de court terme”.

 28/07/2006 11:54:47 – © 2006 AFP