La croissance américaine a plus ralenti que prévu au deuxième trimestre

 
 
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Des consommateurs dans un magasin de jouets à New York (Photo : Don Emmert)

[28/07/2006 15:29:16] WASHINGTON (AFP) La croissance américaine a plus ralenti que prévu au deuxième trimestre, la consommation et l’investissement des entreprises marquant le pas à l’heure du pétrole cher.

Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 2,5% (en rythme annuel) au deuxième trimestre après 5,6%, a annoncé vendredi le département du Commerce.

C’est la croissance la plus faible depuis le quatrième trimestre 2005 et une déception pour les analystes qui tablaient sur une hausse de 3%.

“Nous n’avions pas prévu un ralentissement si marqué. Les dépenses de consommation ont beaucoup ralenti et l’investissement des entreprises comme les dépenses publiques ont affiché une faiblesse inattendue”, a souligné Sal Guatieri de BMO Financial Group.

Les ménages américains, traditionnels moteurs de la croissance, ont réduit leurs achats de voitures et de biens d’équipement ménagers, et au total leur dépenses n’ont augmenté que de 2,5% au cours du trimestre.

L’investissement immobilier a par ailleurs reculé (-6,3%), une conséquence prévisible de la remontée des taux d’emprunt.

“Les consommateurs ploient sous le poids des taux d’intérêt élevés, des prix du pétrole et d’un endettement croissant”, a souligné Peter Morici, professeur d’économie à l’unversité du Maryland.

“Avec le ralentissement du marché immobilier, ils ne peuvent plus augmenter leur consommation par le biais d’un refinancement de leur emprunt”, a-t-il ajouté.

De leur côté, les entreprises ont elles aussi mis un gros frein à leurs investissements (+2,7%) et les dépenses publiques ont reculé de 3,4%.

Pour les économistes, ce rapport devrait inciter la Réserve fédérale à la prudence sur sa politique monétaire.

“Ce rapport augmente les chances que la Fed observe le statu quo en août — sauf si les chiffres de l’emploi de juillet sont particulièrement bons”, note M. Guatieri.

La Fed se réunit le 8 août pour réexaminer le niveau de son principal taux directeur, actuellement fixé à 5,25%.

Son président Ben Bernanke rappelle régulièrement que les hausses de taux passées n’ont sans doute pas encore produit tous leurs effets, ce qui laisse entendre que la Fed pourrait opter pour le statu quo.

Ce qui n’est pas sans risque dans le contexte actuel.

Car l’autre grande caractéristique de l’économie américaine aujourd’hui est la hausse de l’inflation. Selon l’indice fétiche de la Fed, hors alimentation et énergie, les prix ont augmenté de 2,9% au deuxième trimestre (après 2,1% au premier), ce qui est nettement au-dessus du seuil de tolérance implicite de la banque centrale.

“Le dilemme de la Fed s’aggrave”, estime Nariman Behravesh de Global Insight. Si elle choisit de relever ses taux pour lutter contre l’inflation elle risque d’étouffer encore plus la croissance via un étranglement des crédits. Mais si elle ne le fait pas, elle pourrait voir l’inflation s’emballer.

Les marchés semblent pour le moment privilégier l’hypothèse d’une pause en août — qui est favorable à la Bourse. Vendredi, après la publication du rapport, le Dow Jones a bondi de plus de 100 points.

Leur raisonnement est que les chiffres publiés vendredi sont déjà anciens, et que la banque centrale “va faire le pari que le ralentissement de la croissance suffira à lui seul à contenir l’inflation”, note M. Guatieri.

Mais cela ne signifie pas pour autant que la banque centrale en a définitivement terminé avec les hausses de taux.

“Compte tenu des perspectives d’inflation, la Fed va probablement devoir relever ses taux une fois de plus d’ici à la fin de l’année”, avertit M. Behravesh.

La réunion suivante est prévue le 20 septembre.

 28/07/2006 15:29:16 – © 2006 AFP