Corruption : L’équipementier Faurecia dans la tourmente, son PDG Pierre Lévi sur la sellette

 
 
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Photo non datée de Pierre Lévi, le président de l’équipementier automobile français Faurecia (Photo : Gérard Uferas)

[28/07/2006 15:44:07] PARIS (AFP) L’équipementier automobile français Faurecia, filiale de PSA Peugeot Citroën déjà confrontée à une année difficile, se retrouve désormais dans la tourmente d’une affaire de corruption en Allemagne, dans laquelle son Pdg Pierre Lévi est directement mis en cause.

Le parquet de Francfort a confirmé vendredi qu’il enquêtait contre M. Lévi dans le cadre d’une affaire de corruption dont le patron du groupe a avoué être informé depuis 2001.

L’octroi de pots-de-vin à des cadres de Volkswagen et d’Audi pour obtenir des contrats en Allemagne aurait été mis au point dès 1998 au sein de l’équipementier français Sommer Allibert, racheté en 2001 par Faurecia, “qui a aussi repris le système de corruption”, selon Sibylle Gottwald, magistrate allemande chargée de l’enquête.

M. Lévi, qui était au courant de ces pratiques dès 2001 et en a été régulièrement informé par la suite, a fait des aveux écrits sur ce point précis mais a nié avoir participé directement à ces agissements coupables, a-t-elle ajouté.

“Cela fait beaucoup pour Faurecia qui est déjà aux prises avec des pertes financières et un plan de restructuration. Ce ne serait vraiment pas idéal pour ce groupe qui n’est pas en bonne santé, de devoir faire un changement de management à chaud”, a déclaré à l’AFP un analyste parisien sous couvert de l’anonymat.

Il a jugé “difficile que le Pdg puisse garder sa place, alors qu’il a reconnu être au courant et que le patron de Volkswagen, groupe qui représente 20% du chiffre d’affaires de Faurecia, a dit qu’il ne voulait plus travailler avec Pierre Lévi”.

Parallèlement, le parquet de Munich (sud) enquête contre quatre cadres de Faurecia, soupçonnés là encore d’avoir versé des pots-de-vin, mais cette fois-ci à des dirigeants du constructeur de voitures haut de gamme BMW.

Ces affaires concernent d’autres sous-traitants: le parquet de Francfort enquête sur les pratiques de Faurecia et de quatre autres sociétés, tandis que celui de Munich a dans son collimateur six entreprises.

“Nous ne sommes pas loin de penser qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais que le versement de pots-de-vin est aussi à l’ordre du jour dans l’industrie automobile, à l’image de ce qui se passe dans le secteur du bâtiment, et est tacitement accepté”, a estimé Mme Gottwald.

Interrogés à Paris, les porte-parole de Faurecia et du groupe automobile PSA Peugeot Citroën, actionnaire majoritaire de l’équipementier avec 71,5% du capital et son premier client, se sont refusés à tout commentaire.

Bernd Pischetsrieder, patron de Volkswagen qui est le deuxième client de Faurecia, a adressé une lettre à ce sujet au Pdg de PSA Jean-Martin Folz qui lui a répondu, avait indiqué mercredi un porte-parole du constructeur français, tout en refusant de révéler la teneur de cet échange de courriers.

Selon la presse allemande, Volkswagen voudrait pousser vers la sortie le patron de son fournisseur français.

M. Lévi avait fait part lundi de la volonté de son groupe de “coopérer complètement avec la justice allemande pour que toute la vérité soit faite, le plus rapidement possible”.

“C’est aussi la position de l’actionnaire principal de Faurecia, qui se tient très étroitement informé de la situation”, avait de son côté déclaré le M. Folz.

A la Bourse de Paris, vendredi à 14h45 GMT, le cours de l’action Faurecia perdait 3,18% à 40,24 euros dans un marché stable (-0,4%).

 28/07/2006 15:44:07 – © 2006 AFP