Ukraine : l’économie en pleine forme malgré la crise politique

 
 
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Fiche sur l’Ukraine

[30/07/2006 11:06:45] KIEV (AFP) Alors que l’Ukraine est embourbée dans une grave crise politique et attend un nouveau gouvernement depuis bientôt quatre mois, son économie montre une belle santé et semble même profiter de la paralysie de l’Etat, s’étonnent les experts.

“L’économie ukrainienne renverse tous les pronostics (…) et fait preuve d’un excellent dynamisme”, se félicite l’hebdomadaire économique Vlast Deneg.

Le PIB a progressé de 5% au premier semestre sur un an, contre +2,4% sur l’ensemble de 2005, malgré les batailles politiques qui font rage en Ukraine où aucun gouvernement n’a pu être formé depuis les législatives de mars.

Les investissements directs étrangers ont presque quadruplé au premier trimestre par rapport à la même période en 2005 pour atteindre 923 millions de dollars.

L’inflation a été limitée à 2,9% de janvier à juin, alors que le gouvernement avait prévu une hausse des prix de 11,4% cette année, après 10,3% en 2005.

Ce rebond économique dépasse de loin les prévisions gouvernementales d’une croissance du PIB de 2,8% cette année, comme celles des analystes qui révisent leurs pronostics trop pessimistes.

Dernier en date, le Fonds monétaire international a revu en hausse vendredi sa prévision de croissance de 2,3% à 5% pour 2005.

“Même si l’incertitude politique continue, le ralentissement de la croissance du PIB observée en 2005 a été surmonté”, a observé le FMI.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), qui tablait sur une croissance de 1,2% pour 2006, risque de perdre son pari passé, selon la presse, avec le Premier ministre par intérim Iouri Ekhanourov.

Le président de la Berd Jean Lemierre s’était engagé à ce que la banque octroie à Kiev 100 millions d’euros de nouveau crédit pour chaque dixième de point dépassant ses prévisions.

Pour les analystes, ce nouvel élan s’explique par le regain de la demande pour les produits métallurgiques et chimiques ukrainiens, coeur de l’économie nationale.

“La demande accrue a permis aux entreprises de s’adapter rapidement à la hausse des prix du gaz”, doublés en janvier après une “guerre du gaz” ukraino-russe qui semblait promettre un scénario catastrophe à l’économie, relève l’analyste Dmytro Boïartchouk du centre CASE-Ukraine.

Le “choc gazier” a même dopé les investissements dans l’industrie lourde, qui doit se moderniser pour réduire sa consommation énergétique exorbitante, ajoute-il.

La politique libérale de M. Ekhanourov plaît en outre aux investisseurs, à l’inverse des pratiques interventionnistes de son prédécesseur, la populiste Ioulia Timochenko qui voulait réguler les prix et réviser les privatisations.

En place depuis septembre, “le cabinet Ekhanourov a exclu toute intervention brutale et la croissance économique s’est aussitôt accélérée”, souligne l’analyste Olexandre Koshyk du Centre de la conflictologie à Kiev.

“Quand les hommes politiques s’occupent uniquement d’eux-mêmes et ne changent pas les impôts ou les droits de douane, l’économie fonctionne tranquillement”, ironise Vlast Deneg.

Enfin, la consommation intérieure ne cesse de progresser grâce à la hausse spectaculaire des revenus de la population: le salaire moyen a dépassé 200 dollars par mois en juillet contre 150 dollars il y a un an.

Les dépenses de la population stimulent à leur tour l’industrie alimentaire et le commerce, mais l’hebdomadaire Investitsionnaïa Gazeta met cependant en garde contre une reprise de l’inflation.

Cependant des experts s’interrogent sur la pérennité de la croissance, qui n’est pas étayée par des réformes. Pour l’analyste Igor Bourakovski, l’économie reste “dans une zone à risque (…) et le principal choc gazier est encore à venir”, alors que la Russie devrait relever à nouveau ses tarifs gaziers.

 30/07/2006 11:06:45 – © 2006 AFP