[01/08/2006 11:09:44] PARIS (AFP) “Il y a 2.000 ans, à Cana, Jésus a transformé l’eau en vin. Aujourd’hui à Cana, les forces aériennes israéliennes ont transformé les enfants en cendres”. Mazen dit son émotion sur son blog après le bombardement israélien sur la bourgade libanaise. Si la référence biblique qu’il évoque est par ailleurs objet de controverse — les Israéliens, appuyés par de nombreux experts, situent le miracle de Cana dans un village homonyme de Galilée –, le blog de ce Libanais de 30 ans (mazenkerblog.blogspot.com) donne en tout cas le ton de la “Toile”. La “blogosphère” est en effet devenue un extraordinaire forum témoignant de l’émoi suscité par la guerre au Liban, mais aussi le seul lieu de dialogue en direct entre Israéliens et Libanais, relèvent les experts. Pamela, qui se présente comme artiste libanaise, écrit sur son blog (pchrabieh.blogspot.com): “Tout est fermé aujourd’hui. Jour de deuil national symbolique en mémoire des victimes de Cana”. Un blogueur qui signe “Israellycool”, sur le site des blogueurs israéliens écrivant en anglais (english.webster.co.il), prédit qu'”un nombre sans précédent de fusées” va tomber sur Israël en représailles. L’auteur d’un blog publié sur le site des blogueurs libanais (lebanesebloggers.blogspot.com), Doha, 25 ans, depuis Washington, assimile le bombardement de Cana à “l’exode d’un rêve”. La guerre entre Israël et le Liban est assortie de témoignages, commentaires, dessins, videos et photos souvent dures, mis en ligne par des blogueurs des zones du conflit ou de la diaspora. Sur le moteur mondial de recherche des blogs Technorati, le mot-clé Cana était lundi deuxième devant le mot Liban. Déjà nombreux depuis le début du conflit, les blogs où s’expriment internautes israéliens et libanais sur la guerre ont redoublé de vigueur à la suite du bombardement de Cana. Nicolas Dupuy, un consultant éditorial multimédia français, remarque que “l’intérêt du blog dans le +traitement+ de ce conflit est, toutefois, moins strictement informatif – la chasse au scoop dans la blogosphère n’a donné que très rarement des résultats – que culturel ou sociétal”. Pour lui, les blogs permettent de “passer outre la censure, de capitaliser sur les réactions des lecteurs en commentaires, bref favorisent ce dialogue tant recherché par une partie de ces deux populations”. Philippe Martin, expert français au Canada, remarque sur nayezpaspeur.ca/blog une “grande différence” entre les informations provenant des médias traditionnels et des blogs: “les +trads+ nous informent plus sur les mouvements militaires, les décomptes des pertes physiques et matérielles, les positions politiques, les enjeux, les stratégies”. Au contraire, les blogs “nous parlent plus avec le coeur, les émotions, le vécu”. Pour Loïc Le Meur, pionnier français des blogs, “l’opinion s’exprime désormais directement sur les blogs de millions de personnes. Convaincre les citoyens du bien fondé d’une guerre (ou de la nécessité de son arrêt) devient un enjeu de la guerre d’opinion”. Internet devient également “le seul territoire de conversation publique non modérée entre les Libanais, les Israéliens et les observateurs du monde entier qui donnent leur avis”, poursuit M. Le Meur. Ainsi Lisa Goldman, jeune journaliste et blogueuse canado-israélienne vivant à Tel-Aviv, espère que son blog (ontheface.blogware.com/blog) servira “de voix de modération”. Interrogée par courriel, Lisa explique qu’elle essaie de rester “aussi objective que possible”. Pour elle, son blog est une “source de catharsis”, destinée notamment à “corriger les nombreuses erreurs d’interprétation que les lecteurs font sur Israël et les Israéliens”. “Cela permet de donner une voix aux lecteurs qui ont différents points de vue mais sont désireux de les exprimer d’une manière civilisée”, conclut-elle. The Lebanese bloggersEnglish-writing Israeli-bloggersOn the Face |
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