[01/08/2006 12:38:53] PARIS (AFP) Une croissance mondiale fringante et une inflation qui relève la tête: quasiment toutes les banques centrales du monde marchent désormais sur les traces de la Réserve fédérale américaine et augmentent leurs taux d’intérêt, marquant la fin de l’argent pas cher. C’est pratiquement l’ensemble de l’économie mondiale qui fait désormais face au même cocktail porteur de dérapages potentiels aux yeux des responsables monétaires: une croissance vigoureuse et une inflation qui, après avoir fait profil bas pendant plusieurs années, progresse à nouveau, dopée par l’envolée des cours du pétrole et des matières premières. La hausse des prix a atteint en moyenne 3,3% en juin dans les 30 pays développés de la zone OCDE, alors qu’elle n’était que de 2,1% un an plus tôt, selon les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques. De son côté, l’activité mondiale affiche et continuera d’afficher l’an prochain un rythme de croissance très soutenu, de l’ordre de 5% par an, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI). C’est la concordance de ces deux facteurs qui tracasse les banquiers centraux, soucieux de ne pas relâcher leur emprise sur les prix. Les taux sont leur meilleure arme en la matière puisque toute hausse ou baisse se répercute sur la demande, et peut donc théoriquement empêcher une surchauffe inflationniste.
Sauf surprise majeure, la Banque centrale européenne (BCE) devrait procéder jeudi à son 4e tour de vis monétaire en moins d’un an, relevant son principal taux d’intérêt à 3%. La semaine dernière, l’Inde, la Hongrie, la Turquie et la Slovaquie avaient elles aussi relevé leurs taux d’intérêt. La Banque d’Angleterre y songerait également pour la rentrée. Pour autant, tous les pays n’en sont pas au même stade: l’un des plus avancés est sans conteste celui qui joue aussi depuis des années le rôle de locomotive mondiale, les Etats-Unis. Dans son cas, une des questions qui préoccupe le plus les marchés est de savoir si la Réserve fédérale, après 17 hausses de taux consécutives, va mettre un terme à ce cycle restrictif à présent qu’il est avéré que la croissance américaine a nettement décéléré au deuxième trimestre. La plupart des économistes parient effectivement que la Fed va désormais s’en tenir à son taux actuel de 5,25%. Rien de tel dans le reste du monde, en particulier dans les deux grandes autres zones monétaires, Europe et Japon, où le cycle conjoncturel accuse un net décalage par rapport aux Etats-Unis: une désynchronisation qui remonte “à l’époque de l’éclatement de la bulle internet”, souligne Hélène Baudchon, économiste du Crédit Agricole. A l’époque, les Etats-Unis avaient opté pour une politique de stimulation monétaire et budgétaire bien plus active que la zone euro, qui lui a permis de se sortir de la crise beaucoup plus tôt, explique-t-elle. Les économistes estiment que la BCE, avec 3 et bientôt 4 hausses de taux à son actif, est à peu près “au milieu du gué”. Ils ne la voient pas aller au-delà de 3,50%. La Banque du Japon (BoJ) a été la toute dernière du G7 à agir lorsqu’elle a mis fin mi-juillet à plus de cinq ans de politique de taux d’intérêt zéro en relevant le loyer de l’argent d’un quart de point, proclamant ainsi la victoire de l’économie nippone sur la déflation qui la rongeait depuis 1998. Dans les pays émergents, bien qu’ils soient soumis à la même problématique de croissance et d’inflation, une hausse de taux peut aussi être destinée à répondre au souci de défendre la parité de leur monnaie, souligne Mme Baudchon. |
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