[01/08/2006 16:12:39] NEW YORK (AFP) Le groupe d’imagerie américain Eastman Kodak a creusé ses pertes au deuxième trimestre et ne voit pas encore la fin de sa vaste restructuration en cours pour s’adapter à l’évolution du grand public vers la photographie numérique. Le groupe vieux de 125 ans, qui a bâti son succès et sa réputation sur la technologie argentique, a publié mardi sa septième perte trimestrielle consécutive, à 282 millions de dollars, tout en annonçant 2.000 nouvelles suppressions d’emplois. Cela portera le total des réductions d’effectifs à 27.000 personnes dans le monde contre 25.000 précédemment envisagé. La perte a certes été grevée par 214 millions de charges liées à la restructuration en cours, mais le groupe a fait globalement moins bien qu’attendu par le marché, ce qui se traduisait par une forte correction du titre à la Bourse de New York: l’action cédait 9,84% à 20,06 dollars vers 11H45 GMT, après avoir perdu plus de 10% en matinée. “Kodak a présenté un tableau financier des plus décevants”, a résumé le site financier Briefing.com. L’efficacité de la stratégie de Kodak était au coeur des inquiétudes du marché, alors que le groupe annonce pour la deuxième fois une extension de ses mesures de restructuration. Initiée en janvier 2004 avec un objectif de 22.000 suppressions d’emplois, la restructuration s’était en effet déjà intensifiée à l’été 2005 avec un objectif de 25.000 suppressions de postes. Sameer Doctor, de JPMorgan, s’est dit “inquiet” de la présentation faite mardi par Kodak, “car cela pourrait être une manière de reconnaître que la stratégie dans le numérique n’est pas efficace et a besoin d’être repensée”. Kodak a décidé en janvier 2004 de transférer progressivement le centre de gravité de son activité de l’argentique au numérique, mais à ce jour, beaucoup d’analystes ont critiqué la lenteur de cette stratégie. Ainsi, Kodak a accusé une baisse de 9% de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre, à 3,36 milliards de dollars, plombé par une chute de 22% des ventes dans l’argentique, qui ont totalisé 1,52 milliard. Dans le numérique, les ventes ont progressé de 6%, et ont contribué pour 1,83 milliard de dollars au chiffre d’affaires de Kodak. Toutefois, le segment numérique grand public accuse un recul de 6% de son chiffre d’affaires, à 628 millions. La direction a souligné mardi que le groupe “en est à ses dernières étapes de transformation”, soulignant avoir déjà supprimé “plus de 20.500 emplois” depuis deux ans, ajoutant cependant qu'”il reste des actions à mener”, sans autres précisions. Le groupe prévoit de dégager sur l’ensemble de 2006 une perte avant impôts comprise entre 500 et 850 millions de dollars. Par ailleurs, afin d’accélérer la production de bénéfices dans le numérique, Kodak a annoncé la sous-traitance de la fabrication et de la distribution de ses appareils numériques à la société Flextronics. 550 emplois – inclus dans les 2.000 supplémentaires – seront transférés à cette firme basée à Singapour. L’annonce des nouvelles suppressions de postes et les prévisions de pertes ne sont pas vues d’un bon oeil chez les analystes alors que la prévision de croissance des ventes dans le numérique a été revue à la baisse, à environ 10% contre une précédente fourchette de 16-22%. Pour l’analyste de JPMorgan, “le groupe a modestement étendu ses mesures de restructuration”, si bien “qu’il faut vraisemblablement s’attendre à d’autres réductions d’effectifs au cours des prochaines années”. |
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