[02/08/2006 16:42:30] PARIS (AFP) Eurotunnel a obtenu mercredi six mois de répit grâce au lancement par le tribunal de commerce de Paris d’une procédure de sauvegarde, qui lui permet de geler le remboursement de sa dette colossale de 9 milliards d’euros et de poursuivre ainsi les négociations avec ses créanciers. “Après en avoir délibéré, le tribunal lance une procédure de sauvegarde”, a déclaré la présidente du tribunal lors d’une audience publique. Conformément à la loi, le tribunal a ouvert une “période d’observation de six mois” et fixé à deux mois la “déclaration des créances” par leurs titulaires. A la sortie de l’audience, le PDG Jacques Gounon a exprimé sa “satisfaction” et son “espoir”, en annonçant qu’il allait reprendre “immédiatement” les négociations sur la dette du groupe, qui se dérouleront désormais dans un cadre judiciaire. Il s’était retiré des discussions le 13 juillet, faute d’accord avec les créanciers. M. Gounon a précisé à l’AFP qu’il souhaitait mettre au point un plan de restructuration financière d’ici deux mois, compte tenu des délais juridiques nécessaires à sa mise en oeuvre.
“La solution n’existe pas encore mais la volonté pour trouver une solution définitive peut être considérée comme une vraie volonté commune”, s’est-il réjoui. Le plan devra être soumis ensuite à plusieurs groupes de créanciers avant d’être examiné par le tribunal. Mercredi matin, une ultime réunion entre la direction d’Eurotunnel et les principaux créanciers réunis au sein du comité ad hoc, ainsi que des représentants de la Deutsche Bank, qui détient une part importante de la dette obligataire subordonnée, avait permis, selon Eurotunnel, d’aboutir à une “convergence” de points de vue. Et, à l’issue de l’audience, toutes les parties se montraient confiantes dans la possibilité de trouver un accord consensuel assez rapidement, sous la houlette des six mandataires désignés par le tribunal. Evoquant le risque d’une liquidation de l’entreprise en cas d’échec des négociations, M. Gounon a jugé que “cette extrémité est aujourd’hui peu vraisemblable”. “On continue sur le chemin de la recherche d’une solution consensuelle”, a affirmé de son côté un porte-parole des créanciers principaux, réunis au sein du comité ad hoc. L’Arco, association qui représente une partie des créanciers obligataires d’Eurotunnel, a indiqué que “les discussions avec l’ensemble des créanciers (allaient) se poursuivre”, ajoutant que ces derniers coopéreront “activement” aux discussions.
Jacques Gounon a aussi évoqué les 800.000 actionnaires individuels du groupe, pour la plupart ruinés par la chute du titre à la Bourse, rappelant qu’ils auraient “à regarder le plan final”. S’il est validé par la justice, le plan devra recevoir l’aval de l’assemblée générale des actionnaires. Tout en se disant satisfait de la décision judiciaire, Joseph Gouranton, président de l’Adacte, association qui représente une partie des petits actionnaires d’Eurotunnel, a néanmoins affirmé que “le sentiment d’avoir été floué persiste”. Introduit à la Bourse de Paris fin 1987 à 35 francs (5,34 euros), le titre a atteint 128 francs (19,51 euros) en mai 1989, avant une chute vertigineuse. A la suspension de sa cotation en mai 2006, l’action valait 0,44 euro. Sans accord sur un rééchelonnement de sa dette, le groupe concessionnaire du tunnel sous la Manche, ne pourrait faire face à ses échéances financières dès janvier 2007, date à laquelle il doit commencer à rembourser le capital de sa dette. Quoi qu’il arrive à la société Eurotunnel, le tunnel lui-même, ouvrage d’intérêt public et propriété des Etats français et britannique, continuera de fonctionner. |
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