Faurecia : démission du PDG Pierre Lévi sur fond d’affaire de corruption

 
 
SGE.BFI09.020806183511.photo00.quicklook.default-245x164.jpg
Photo non datée de Pierre Lévi, le PDG de l’équipementier automobile français Faurecia (Photo : Gérard Uferas)

[02/08/2006 18:36:31] PARIS (AFP) Le PDG de l’équipementier automobile français Faurecia, Pierre Lévi, dans le collimateur de la justice allemande en raison d’une affaire de corruption, a jeté l’éponge mercredi et a été remplacé par un tandem provisoire.

A la tête de la filiale de PSA Peugeot Citroën depuis six ans, il tire ainsi les conséquences des remous provoqués par l’ouverture par le parquet de Francfort d’une enquête sur le versement de pots-de-vin de Faurecia à des cadres des constructeurs allemands Volkswagen et Audi.

M. Lévi a remis sa démission au conseil d’administration de Faurecia, qui a nommé Frank Imbert directeur général par intérim et Jean-Claude Hanus président du conseil d’administration, a annoncé Faurecia dans un communiqué. La nomination d’un nouveau président exécutif interviendra courant septembre.

Directeur financier de Faurecia depuis 2005, M. Imbert dirigera de fait cette filiale de PSA Peugeot Citroën, alors que M. Hanus, directeur juridique de PSA depuis janvier 2000, exercera des fonctions non-exécutives.

M. Lévi, âgé de 51 ans, a expliqué sa démission par “l’évolution des enquêtes menées actuellement en Allemagne” et sa volonté de “préserver au mieux l’intérêt de la société”.

Selon le parquet de Francfort, M. Lévi a avoué être informé depuis 2001 des versements de pots-de-vin, qui visaient à obtenir des contrats en Allemagne, mais il a nié avoir participé directement à ces agissements.

M. Imbert prendra, à titre provisoire, les rênes d’un groupe en pleine tourmente. Faurecia, comme d’autres équipementiers automobiles, est mis sous pression par des constructeurs européens en difficulté, qui exigent des baisses des coûts, dans un contexte de flambée des prix des matières premières.

“2006 va être une mauvaise année pour Faurecia”, avait lancé M. Lévi lors de la présentation fin juillet de résultats en net recul de cette filiale à 71,5% de PSA Peugeot Citroën.

Une fois nommé définitivement, le successeur de M. Lévi sera confronté à de multiples défis: redresser les comptes, dans le rouge au premier semestre avec une perte nette de 48,2 millions d’euros, rétablir la confiance des clients et poursuivre le redéploiement de ses activités hors Europe de l’ouest.

“Il faut calmer le climat de suspicion et recoller les morceaux avec Volkswagen pour ne pas perdre des contrats en Allemagne”, a commenté Gaëtan Toulemonde, analyste chez Deutsche Bank.

Volkswagen est le deuxième client de Faurecia, représentant 22% du chiffre d’affaires, juste derrière Peugeot et Citroën.

“Le futur PDG aura plus globalement la tâche de rétablir la transparence et de démontrer que le groupe n’a pas +graissé la patte+ à d’autres clients”, a déclaré à l’AFP M. Toulemonde.

Il devra en outre, a-t-il ajouté, “poursuivre les restructurations très violentes d’un groupe convalescent”, qui devraient plomber les comptes à hauteur de 137 millions d’euros en 2006.

Le groupe transfère de fait une part croissante de sa production de l’Europe de l’ouest vers les pays à bas coût de production d’Europe centrale et Asie.

Les affaires en Allemagne concernent d’autres sous-traitants que Faurecia: le parquet de Francfort enquête sur quatre autres sociétés, tandis que celui de Munich a dans son collimateur six entreprises.

Le parquet de Francfort a d’ailleurs évoqué un système de versement de pots-de-vin généralisé dans l’industrie automobile, “à l’image de ce qui se passe dans le secteur du bâtiment”.

 02/08/2006 18:36:31 – © 2006 AFP