[03/08/2006 16:07:50] LONDRES (AFP) Les grandes banques britanniques, qui ont publié cette semaine leurs résultats semestriels, font état d’une forte augmentation des impayés, par une clientèle souvent étouffée par les traites, la hausse des factures domestiques et des crédits tentateurs. Elles ont toutes rapporté des bénéfices en forte hausse, grâce au dynamisme de l’économie, mais aussi une augmentation à deux chiffres des provisions financières destinées à colmater la brèche des créances douteuses. Chez HSBC celles-ci ont augmenté au premier semestre de 18% à 3,890 milliards de dollars, par rapport au premier semestre 2005, chez HBoS de 14,7% à 864 millions de livres (1,27 md d’euros), chez Lloyds TSB de 22% à 633 millions de livres, chez Barclays de 50% à 1,057 milliard de livres, et Royal Bank of Scotland devrait aussi annoncer vendredi une progression. Or aucune de ces banques n’a pour l’instant annoncé que le pic avait été atteint. La situation est liée à différents facteurs symptomatiques de l’économie du pays. Les Britanniques, dont la plupart sont propriétaires de leur logement, s’endettent une trentaine d’années pour acheter des biens dont le prix a doublé entre 2000 et 2004. Le crédit et les cartes de crédit portant de lourds intérêts sont très répandus, sur fond de culture du “j’achète tout de suite, je paye plus tard”, souligne Mike Gerrard, directeur des faillites personnelles au cabinet d’experts comptable Grant Thornton. En plus, les factures d’eau et d’énergie s’envolent. British Gas, le plus gros distributeur de gaz du pays, va ainsi augmenter en septembre ses tarifs de 12,4% pour le gaz, et 9,4% pour l’électricité, après avoir déjà augmenté les deux de 22% en mars. Le cabinet d’assurances Combined Insurance a calculé que le Britannique moyen, s’il dispose d’un revenu mensuel de 1.550 euros environ, doit en consacrer près de 1.400 à ses emprunts immobiliers, remboursements d’autres crédits, taxe d’habitation et autres factures domestiques. Pour consommer, il n’a pas d’autre recours que de souscrire de nouveaux crédits. Dans une étude publiée mardi, le fournisseur de données économiques Datamonitor accuse les banques d’être “en partie responsables” de cette situation, pour “avoir poursuivi dans le passé des stratégies commerciales agressives, en encourageant les consommateurs à prendre des crédits sans vérifier si ils pouvaient supporter les remboursements”. Depuis, les banques ont resserré leurs conditions de crédit, mais “les actuelles créances douteuses sont liées à des décisions passées sur lesquelles elles n’ont plus aucun contrôle”, souligne l’auteur de l’étude, Karina Purang. Le nombre de faillites personnelles a augmenté chaque année de 25%, depuis 2001, pour atteindre 47.287 en 2005, et les ménages choisissent de plus en plus d’avoir recours à l’IVA, une procédure de faillite personnelle qui leur permet de regrouper leurs dettes en un crédit unique à payer sur cinq ans, après lesquels ils sont libres. Lundi, le directeur général de HSBC, Michael Geoghegan, a remarqué que les créances douteuses faisant l’objet d’une procédure d’IVA étaient passées de 22% à plus d’un tiers en un an. Il s’en est pris aux cabinets comptables qui poussent la clientèle à recourir à une telle procédure, qui leur permet de s’enrichir en jouant les intermédiaires entre créanciers et débiteurs. La Banque d’Angleterre, pour sa part, ne paraît pas très inquiète : elle a relevé jeudi son taux directeur à 4,75%, après un an de statu quo, contre les appels à la prudence lancés par la plupart des économistes. |
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