Souffrant
de pénuries de travailleurs dans plusieurs secteurs, la France va assouplir
les procédures d’accueil et lancer un vaste programme de coopération avec
les diasporas en vue du lancement de projets de développement dans les pays
émetteurs.
La récente 13ème session de l’Université d’été de l’Association Club Mohamed
de Culture Ouvrière (ACMACO), qui a débattu d’un thème de grande actualité
-«emploi, mouvements des personnes et des capitaux et responsabilité sociale
des acteurs dans la zone Euromed»- a donné l’occasion d’exposer les grandes
lignes de sa nouvelle politique d’accueil des travailleurs immigrés. Cette
tâche a été confiée à Mme Nicole Martin, fonctionnaire du ministère français
des Affaires sociales, dont l’intervention a traité de l’«Emploi,
co-développement et mobilité des pays du 5+5».
Soulignant que le thème de l’université d’été est «au coeur de nos
préoccupations», Mme Nicole Martin rappelle que «la vision du phénomène de Ceuta
et Melilla a beaucoup frappé les opinions et gouvernements et suscité une prise
de conscience du lien entre émigration et développement» qui a débouché sur des
initiatives et l’organisation de nombreuses conférences, dont celle des 10 et 11
juillet 2006 à Rabat. Une conférence qui a favorisé «la prise de conscience de
l’importance du dialogue et des échanges entre pays de transit, d’origine et
d’accueil» et renforcé l’idée qu’il faut mettre en oeuvre des «dynamiques
mettant en avant les responsabilités partagées et les intérêts croisés». Ce qui,
note Mme Martin, «s’est traduit dans nos pays européens par l’élaboration de
nouveaux projets de développement».
Réaffirmant que «cette nouvelle donne peut être positive», la représentante
du ministère des Affaires sociales français souligne que l’affaire «n’est
pas gagnée» et «les responsabilités énormes». A ce sujet, elle considère
qu’il ne suffirait pas de faire porter la responsabilité aux seuls pouvoirs
publics. Face aux défis graves, «nous devons rechercher ensemble des
solidarités», clame la représentante du ministère des Affaires sociales
français.
Trois raisons ont amené la France à vouloir lancer une politique de
co-développement. La première est, explique Mme Martin, que «les réseaux de
diasporas demandent son soutien à des projets de développement dans des pays
d’origine». La seconde est que «les transferts de fonds sont considérables»
mais on se demande comment faire «pour qu’ils servent au développement». La
troisième est que, l’expérience démontrant l’apport considérable des
diasporas asiatiques à leurs pays d’origine -apports tant financiers que de
«valeurs politiques et autres»-, la France se demande ce qu’elle doit faire
«pour contribuer aux efforts des immigrés».
En fait, elle est en train de répondre à cette question, en mettant au point
un programme d’aide –qui n’a pas encore démarré, précise Mme Martin- aux
diasporas de 3 pays maghrébins (Tunisie, Algérie et Maroc), du Liban et de
trois pays d’Asie à contribuer au développement de leurs pays.
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Parallèlement, la France s’apprête -«après 30 ans de fermeture du marché du
travail, on reconnaît aujourd’hui l’existence de pénuries de main-d’oeuvre»-
à sortir «d’un système lourd pour l’obtention d’un contrat de travail»,
annonce Mme Martin.
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Concrètement, on s’achemine vers l’élaboration de listes par secteurs et
régions, qui permettront l’octroi «de contrat de travail de 3 ans
renouvelables, avec regroupement familial immédiat». La nouvelle loi sur
l’immigration oblige le titulaire de ce genre de contrat à avoir «un projet
d’investissement dans son pays à démarrer pendant ou après son séjour en
France».
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La France s’apprête également à prendre des mesures en vue d’améliorer son
«attractivité» vis-à -vis des étudiants étrangers, dont le nombre a fortement
baissé au cours des dernières années. Mais la formule à mettre en place doit
être «gagnant-gagnant», avertit Mme Martin. Concrètement, cela veut dire que
pour l’étudiant étranger, la perspective doit être non pas celle d’un séjour
définitif en France, mais «la création d’une entreprise après les études,
dans son pays d’origine». Aussi, envisage-t-on la création «d’un compte
épargne-projet» devant financer le lancement d’un projet dans le pays
d’origine.
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