La hausse du cours des métaux ne fait pas l’affaire des ferrailleurs

 
 
SGE.CES10.060806134733.photo00.quicklook.default-245x162.jpg
Métaux faisant partie d’un stock de pièces détachées chez un ferrailleur à Strasbourg, le 6 août 2006 (Photo : Ilan Garzone)

[06/08/2006 13:47:52] NANCY (AFP) Entre les vols de marchandises et l’explosion des prix d’achat, qui neutralise l’augmentation des prix de vente, la hausse des cours du cuivre, zinc et autre aluminium est avant tout une source de problèmes pour les ferrailleurs lorrains.

Les plus petites structures sont les plus désenchantées. Les ferrailleurs du bassin minier mosellan profitent moins de la situation qu’ils ne la subissent. “Ce que les gens nous cédaient gratuitement auparavant, ils nous le vendent maintenant”, déplore David Laficara, négociant en métal à Hayange.

Nombre de particuliers, spéculant sur les cours internationaux du cuivre (6.200 euros la tonne), s’imaginent être à la tête d’un grand patrimoine. “Quand ils en possèdent cinq-six kilos, ils ont l’impression d’avoir de l’or en barre”, sourit-il.

Et de raconter l’histoire de cet homme, qui a fait trente kilomètres en taxi pour venir lui vendre 20 kilos de cuivre. “A 2 ou 3 euros le kilo, il n’a même pas gagné assez d’argent pour payer son trajet”, rigole M. Laficara.

L’humeur est plus aigrie dans la société Wittmann, à Florange, autre ville sidérurgique… désormais touchée par les vols de métaux. “Ces délits ont toujours existé, mais là ça a pris de l’ampleur”, estime le propriétaire.

“Les trois quarts de mes clients se sont fait vider. Même leurs bennes sont visitées”, peste-t-il. Le phénomène est particulièrement fort dans la Meurthe-et-Moselle voisine.

Dans la nuit de samedi à dimanche, une tonne et demi de cuivre s’est ainsi volatilisée chez Saint-Gobain à Pont-à-Mousson, où une bobine de 400 kilos avait disparu début juillet. Le même week-end, 150 mètres de câble téléphonique en cuivre ont été arrachés à Toul.

L’entreprise Wittmann n’est pas épargnée. “Le matin, on se rend compte qu’il manque dix kilos par ci, quinze par là…” Le patron n’a dès lors plus qu’un seul souhait: “que les prix reviennent à leur niveau d’avant. Ca limitera tous les problèmes !”

Car la hausse des cours ne signifie pas pour autant que les profits des entreprises s’accroissent. “Quand le cours augmente, le prix de vente augmente, mais le prix d’achat aussi”, remarque Denis Sekula, le directeur d’exploitation de l’antenne nancéienne de la Compagnie française du fer (CFF) – Eska.

Après des premiers mois euphoriques, durant lesquels les professionnels ont accru leurs marges, celles-ci sont revenues à leur niveau premier. Les marchands de métaux non-ferreux doivent même faire face à un phénomène inattendu: une baisse des prix, due à une offre trop abondante.

“Le marché est aujourd’hui saturé pour les cuivreurs”, constate M. Sekula. “Les usines ont bouclé leurs achats, parfois jusqu’à septembre. Il est difficile de vendre des tonnes”, remarque-t-il.

“Globalement, la hausse des prix amène plus d’inconvénients que d’avantages, relève Robert Lifchitz, le président du Syndicat national de la récupération des métaux non ferreux. Nous sommes rattrapés aujourd’hui par les effets pervers du phénomène.”

 06/08/2006 13:47:52 – © 2006 AFP